« La quasi‐faillite de l’Etat, après 10 mois de gestion aventuriste et médiocre de nos finances publiques, vient d’être officiellement avouée par le pouvoir »
Le Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr) a vu le jour hier. Khalifa Sall et Cie comptent faire face au régime.
de Pastef se singularise par une nette rupture du processus de consolidation de la démocratie sénégalaise qui s’est toujours inscrit autour de règles du jeu politique élaborées de manière consensuelle par tous les ac‐ teurs ». C’est la forte conviction du Fdr qui a été officiellement lancé hier. Le Front réunit des partis et mouvements comme l’Apr, la Nouvelle responsabilité, Rewmi, Taxawu Sénégal, le Ps, l’Afp, le Pit , l’Arc d’Anta Babacar Ngom etc.
En effet, d’après Khalifa Sall et Cie, «les élections législatives de novembre 2024 ont été carac‐ térisées par une opacité notoire allant de la dissimulation de la date du scrutin pour surpren‐ dre l’opposition jusqu’à l’utilisa‐ tion massive de la violence et les arrestations arbitraires, no‐ tamment à Dakar, le tout pour s’octroyer une majorité parle‐ mentaire mécanique. Ces ma‐ nœuvres, s’ajoutant à une gestion unilatérale et non concertée du processus électo‐ ral, ont artificiellement amplifié une victoire qui était prévisible au vu de la tradition de donner au pouvoir entrant les moyens législatifs de gouverner ». Cependant, indique le Fdr, «en dépit de ces manœuvres et de la transhumance massive des maires, 3.721.932 Sénégalais, soit plus de la moitié des élec‐ teurs, n’ont pas jugé utile d’aller voter et, parmi les votants, plus de 45% ont choisi les listes de l’opposition. Tout le monde comprend dès lors que la com‐ position de l’Assemblée natio‐ nale, avec plus des deux tiers de députés affiliés à Pastef, ne
reflète aucunement la réalité du rapport des forces poli‐ tiques de notre pays.
La démocratie supposant une expression plurielle des opi‐ nions, ces Sénégalais qui se sont exprimés massivement contre le pouvoir Pastef ont droit à la parole et à une repré‐ sentation efficace. Telle est la première raison de notre déci‐ sion de rassembler toutes les forces vives de la nation ».
Le Frd d’asséner : «Il s’y ajoute que le pouvoir Pastef s’enlise dans une logique de règlement de comptes et une volonté de liquidation des libertés démo‐ cratiques si chèrement conquises par des décennies de lutte de notre peuple. Plusieurs journalistes et opposants ont été injustement emprisonnés ou poursuivis en justice en rai‐ son de leurs opinions. Certains détenus sont maintenus en pri‐ son pour des raisons opaques malgré que des conclusions des enquêtes leur soient totale‐ ment favorables. Le poste de
vice‐président de l’Assemblée nationale, dévolu à l’opposi‐ tion, a été illégalement confis‐ qué par la majorité mécanique Pastef. Le maire de Dakar a été démis de ses fonctions dans des conditions indignes d’un pays démocratique, par une ad‐ ministration aux ordres. L’im‐ munité parlementaire d’un député a été scandaleusement levée, sans que le pouvoir n’ait présenté un quelconque dos‐ sier l’incriminant le député et des demandes de lever des im‐ munités parlementaires pour des gestions relevant, au mieux des cas, de la Haute cour de Justice ont été actées démon‐ trant aux yeux de tous un dérè‐ glement de la justice de notre pays. Comme si l’administration ne devait plus reposer sur le principe de neutralité, pendant de l’impartialité de l’Etat ! ». Pire, «les manifestations paci‐ fiques des populations sont sys‐ tématiquement interdites. Une campagne insidieuse est or‐ chestrée contre les partis politiques et, par conséquent, l’es‐ prit d’une compétition démocratique plurielle de plus en plus remis en question. Et, pour la première fois de notre histoire, une révision ordinaire des listes électorales est engagée sans y associer les partis d’opposition.
En effet, aucune rencontre avec les partis n’a été organisée à ce jour, ce qui constitue une trahison de nos traditions de concertation politique sur les opérations électorales et la mise à jour du Code électoral. Ce qui augure de nouveaux coups de force antidémocratiques, en relation notamment avec les prochaines élections territoriales ». Par ailleurs, soutiennent les membres du Fdr, «les dirigeants de Pastef, manifestement peu préparés à gérer le pouvoir, ont, en l’espace de quelques mois et à coups de tâtonnements, de populisme et de promesses sans lendemain, fini d’entraîner de larges sec‐ teurs de la population dans la paupérisation et le désarroi.
La quasi‐faillite de l’Etat, après 10 mois de gestion aventuriste et médiocre de nos finances pu‐ bliques, vient d’être officielle‐ ment avouée par le pouvoir. Et ce sont les populations déjà pressurisées qui en paient le prix. A l’exemple des victimes des inondations dans la vallée du fleuve Sénégal qui se plaignent de l’absence de soutien effectif du gouvernement, malgré les importants moyens qui avaient été annoncés ou des paysans confrontés à l’échec de la campagne agricole, notamment arachidière, sans que le gouvernement ne songe un seul instant à des mesures de solidarité.
Dans le même temps, les étudiants se mobilisent contre le non‐paiement de leurs bourses et le blocage des chantiers d’infrastructures universitaires. Plus globalement, le désespoir de la jeunesse s’ex‐ prime dans la recrudescence préoccupante des départs en pirogue vers l’Europe et les images insoutenables des rassemblements consécutifs aux promesses intempestives de départ vers l’Espagne pour deux mois de cueillette dans les champs. C’est donc peu dire que d’indiquer que la désillusion a commencé à s’installer partout ! ».
Ainsi, «ces raisons majeures fondent notre engagement à nous mobiliser pour défendre notre République dont les valeurs fondamentales se trouvent gravement menacées par les agissements du pouvoir Pastef. C’est pourquoi nous décidons de constituer une alliance dénommé », annonce le Fdr dont la vocation «est de rassembler l’ensemble des forces vives de la Nation en vue de donner forme et contenu à la résistance du peuple sénégalais contre les politiques néfastes du pouvoir Pastef ».
Le Fdr annonce qu’il «engagera, dans les prochaines semaines, des actions décisives autour des exigences suivantes : défense des libertés et droits démocratiques, et notamment la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et la fin des persécutions contre les opposants, les journalistes et les voix critiques ; le respect effectif des droits constitutionnels, en par‐ ticulier la liberté de manifestation pacifique et la liberté d’expression ; gestion démocratique du processus électoral, et notamment l’ouverture immédiate de concertations politiques autour de l’évaluation des élections présidentielle et législatives et la revue du Code électoral ; la révision concertée de la législation sur les partis politiques respectant le pluralisme et l’ensemble des garanties offertes par la Constitution ; solidarité avec les populations en lutte : le Fdr apportera un soutien actif à l’ensemble des luttes engagées par les forces vives pour défendre leurs droits sociaux et économiques contre les agressions du pouvoir Pastef ».