Après la déclaration conjointe cosignée avec son successeur Abdoulaye Wade, l’ancien président Abdou Diouf a rompu le serment qu’il avait pris après sa chute : celui de ne plus se mêler de la vie politique du Sénégal. Mais le jeu n’en vaut-il pas aujourd’hui la chandelle, à la vue de la crise politique constitutionnelle que travers le pays qu’il a dirigé pendant deux décennies ?
«Comme vous le savez, depuis que j’ai quitté le pouvoir le 1er avril 2000, je me suis toujours abstenu de tout commentaire sur la vie politique sénégalaise, fidèle en cela à la ligne républicaine tracée par le président Léopold Sédar Senghor», a d’entrée rappelé le Président Abdou Diouf, dans un communiqué rendu public, hier.
Ancien locataire du palais présidentiel avec le régime des socialistes, celui-ci dit avoir «décidé de rompre le serment» qu’il s’était fait, «car notre pays vit une crise institutionnelle sans précédent».
Et comme deuxième argument avancé, le président Diouf dit constater, «avec regret et tristesse, que la lettre publiée avec (sa) signature et celle du président Abdoulaye Wade suscite, beaucoup d’incompréhension».
Dès lors, il a senti la nécessité de faire quelques précisions. «Je tiens à préciser, afin qu’il n’y ait aucune équivoque, que le Conseil constitutionnel que j’ai créé en 1992 reste le garant ultime de nos institutions et de notre démocratie. C’est à lui et à lui seul de dire le droit et de prendre les décisions qui s’imposent à tous concernant le calendrier électoral et le respect de la durée du mandat présidentiel».
Il a, en ce sens, demandé au peuple sénégalais, à sa classe politique et à ses dirigeants de «faire preuve de retenue et d’intégrité en appliquant, à la lettre, les dispositions de notre Constitution tout en préservant les libertés publiques acquises de haute lutte dans la construction de notre démocratie».
Et l’ancien Chef d’Etat de conclure ses propos. «Je renouvelle au peuple sénégalais ma sincère et indéfectible affection ainsi que ma reconnaissance pour les longues années de confiance à son service».