Wad Madani

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Au Soudan du Sud, l’émotion est vive suite à la publication de vidéos en provenance du Soudan en guerre. Elles montrent des atrocités commises à l’encontre de Sud‐ Soudanais et de Soudanais originaires de l’ouest du Soudan par des membres de l’armée sou‐ danaise, tués par soif de ven‐ geance à l’encontre des paramilitaires FSR. Le ministère des Affaires étrangères à Juba a convoqué l’ambassadeur Souda‐ nais mercredi 15 janvier. Jeudi, des manifestations ont eu lieu à Juba, les discours de haine prolifèrent et la société civile se mobilise pour demander des comptes. Un cou‐ vre‐feu nocturne a par ailleurs été ordonné ce 17 janvier, a annoncé vendredi l’inspecteur général de la police nationale. Ces tueries fil‐ mées et diffusées sur les réseaux sociaux ont été perpétrées sur un nombre pour l’instant inconnu de civils Soudanais et Sud‐Soudanais, peu après la capture de la ville stra‐ tégique de Wad Madani par l’ar‐ mée soudanaise samedi 11 janvier. Les vidéos sont insoutenables. Des hommes portant l’uniforme de l’armée soudanaise arrêtent, exé‐ cutent, égorgent des civils et se fil‐ ment, paradant en toute impunité.

Wad Madani (bis)

John Samuel Bowgo, le sous‐se‐ crétaire du Ministère des Affaires étrangères, explique avoir convo‐ qué l’ambassadeur soudanais pour exprimer l’inquiétude de Juba et demander à ce que les autorités soudanaises facilitent une visite sur place, à Wad Madani : « Ainsi, nous pourrons recueillir les faits, voir ce qui est arrivé et à qui, offrir des ser‐ vices consulaires et aussi informer leurs familles qui sont au Soudan du Sud. » L’ambassadeur du Sou‐ dan, Isam Mohamed Hassan Kar‐ rar a quant à lui affirmé que ces « violations des droits humains » avaient été commises par des « membres de milices » : « Nous avons créé une commission pour enquêter sur ces crimes, afin que leurs auteurs soient identifiés et ar‐ rêtés, et afin de comprendre les motivations de ces criminels. » L’ar‐ mée soudanaise a condamné les atrocités et les a qualifiées « d’actes individuels » dans un com‐ muniqué du 14 janvier.

Wad Madani (ter)

La société civile s’est largement mobilisée ce jeudi à Juba, notam‐ ment les membres de l’Appel pour l’évacuation des Sud‐Soudanais coincés dans la guerre au Soudan. Taban Paride Lokasmoi, président du syndicat national de la jeunesse du Soudan du Sud, s’est dit « dé‐ vasté » et « traumatisé » : « Nous demandons à notre gouverne‐ ment, aux agences de l’ONU et tout particulièrement au HCR, car les personnes tuées sont des réfu‐ giés, de rapatrier ou d’évacuer les Sud‐Soudanais vers un lieu sûr. » Il appelle à la création d’une com‐ mission d’enquête internationale et demande aux jeunes Sud‐Sou‐ danais de rester « pacifiques » dans leurs protestations. La présidence

sud‐soudanaise a envoyé un appel au calme dans la soirée du jeudi 16 janvier, alors que des troubles ont éclaté à Juba vers 20h. Des groupes de jeunes en colère sont sortis et ont attaqué et pillé des commerces tenus par des Souda‐ nais. Les forces de sécurité ont été déployées, et des tirs ont été rap‐ portés dans plusieurs endroits de la capitale.