« Rupture », « séisme politique », « ère nouvelle », « nouveau chapitre », « espoir », « trajectoire inspirante » : les commentaires fusent dans la presse sénégalaise, et au-delà, au lendemain de la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle. Une victoire qui se concrétise dès le premier tour - en attendant les chiffres définitifs – au travers des messages de félicitations qui lui ont été adressés. En premier lieu, celui d’Amadou Bâ, le candidat de la coalition présidentielle sortante, qui a reconnu sa défaite et qui a souhaité à son adversaire « réussite et succès » à la tête du pays.
Commentaire du quotidien 24 Heures à Dakar : « le sourire mi-figue, mi-raisin du candidat de Benno, Amadou Bâ, cache mal son amertume face au poulain avec lequel il collaborait à la Direction générale des impôts. 24 heures après la compilation des résultats, le verdict des urnes sonne comme un uppercut : Bassirou Diomaye Faye, le numéro 2 de Pastef a fini de déjouer tous les pronostics qui le voyaient comme un bon deuxième (…). Son élection à la magistrature suprême a entraîné un torrent de commentaires aussi puissant que le tsunami qui l’accompagné à la tête de l’Etat. »
Tournant…
« Ce qui rend cette élection exceptionnelle, pointe pour sa part WalfQuotidien, réside dans le fait que Bassirou Diomaye Faye est sorti de prison (il y a 11 jours), alors que le Sénégal était en pleine campagne électorale. Incarcéré suite à une publication critiquant la justice sénégalaise en relation avec une affaire impliquant Ousmane Sonko, il a été libéré en même temps que ce dernier. Les deux hommes ont décidé de mener campagne sur l’ensemble du territoire sénégalais, aboutissant aujourd’hui à une victoire éclatante et incontestée. Le geste d’Amadou Bâ, ainsi que la réussite de la stratégie d’Ousmane Sonko, marquent un tournant dans la vie politique sénégalaise, relève encore WalfQuotidien, illustrant un exemple de transition démocratique et de maturité politique. »
Exemplarité…
Et c’est ce que salue la presse de la sous-région… « Dans un monde où la démocratie est souvent mise à l’épreuve, le Sénégal se dresse comme un phare d’espoir, prouvant que la voix du peuple est non seulement entendue mais célébrée », affirme Sahel Tribune au Mali qui parle aussi de « trajectoire inspirante. » « Un dénouement qui inspire », renchérit Ledjely en Guinée.
Aujourd’hui au Burkina Faso n’en revient toujours pas : « de la prison au palais (présidentiel) de l’Avenue Roume, c’est inédit, surtout après le tangage politique et judiciaire au long cours, qui a fait craindre que la démocratie sénégalaise se saborde sur l’autel des intérêts partisans. C’est une leçon de chose politique que le Sénégal administre à l’Afrique, à la sous-région, une leçon dont les professeurs sont la jeunesse sénégalaise, qui a cru au Pastef, en Ousmane Sonko et en Bassirou Diomaye Faye. Qui l’eut cru ? », s’étonne encore Aujourd’hui. « Il y a 10 ans, radiés de l’effectif des Impôts où ils étaient inspecteurs, Sonko et Diomaye avaient comme patron un certain Amadou Bâ, et une décennie après, ils tiennent leur revanche. Et quelle revanche ! »
Défis immenses…
En tout cas, remarque Le Pays, toujours à Ouagadougou, « maintenant qu’il est passé de la prison au palais présidentiel, le plus dur commence pour Bassirou Diomaye Faye. Les défis qui attendent le numéro deux du Pastef sont immenses, lui qui, en plus de travailler à sortir de l’ombre de son mentor, devra se montrer à la hauteur des aspirations de ses compatriotes. Le successeur de Macky Sall aura tout à prouver durant le quinquennat qui est en train de s’ouvrir à lui. » Et « on attend de voir le rôle que jouera Ousmane Sonko dans le dispositif du nouveau pouvoir. Et surtout si ce dernier saura faire avec l’heureux élu un tandem gagnant à la tête de l’État sénégalais. »
Une feuille de route ambitieuse…
En attendant, dans son premier discours hier, Bassirou Diomaye Faye « a réaffirmé avec force ses priorités », relève Seneplus à Dakar. « Réconciliation nationale, lutte anti-corruption, refondation institutionnelle… Une feuille de route exigeante qui marque la volonté de rompre avec les pratiques passées. » Le nouveau président « a esquissé les contours d’un Sénégal renaissant, plus démocratique, plus uni et plus prospère. Un défi de taille, certes, conclut Seneplus, mais porté par une volonté politique inébranlable et la confiance renouvelée du peuple. »