Le constat est implacable. Dans les tribunaux du Sénégal, le faible taux de recouvrement des amendes est une réalité. La révélation est du ministre de la Justice, Garde des Sceaux citant les études ré‐ centes menées, sous son autorité par la Direction des affaires criminelles et des grâces. Selon l’ancien procureur de la République Ousmane Diagne, l’exploitation des statistiques reçues récemment des diffé‐ rents parquets, montre à suffisance que l’exécution des condamnations pécuniaires bute encore sur un certain nombre de défis liés notamment à l’anachronisme du processus d’exécution, l’éparpille‐ ment des responsabilités, l’absence de coordination entre les acteurs impliqués et l’insuffisance de personnels et de moyens.
«Rien qu’au tribunal de grande instance de Dakar, le montant des amendes pronon‐ cées entre 2022 et 2024 et non encore recouvrées, s’élève à plus de trois milliards (3 112 145 810 Fcfa) » , a‐t‐il révélé devant les chefs de parquet mis devant leurs responsabilités. Cela renseigne, affirme‐t‐il, aussi bien sur l’importance de la contribution que la Justice peut apporter à l’économie nationale que sur l’urgence d’une exécution effective des décisions.
A cet effet, il a engagé les chefs de parquet à des «mesures correctives et des bonnes pratiques pour un désengorgement progressif des prisons et un recouvrement effectif des condamnations pécuniaires ». Et d’admettre le «dévouement à la tâche et la qualité du travail » abattu quotidiennement par les chefs de parquet le plus souvent, dans des «conditions particulièrement difficiles » non sans pointer du doigts, les «lenteurs dans le traitement et la transmission des dossiers frappés d’appel, les retards constatés dans l’enrôlement et la mise en état des procédures ».