L a visite d’ousmane Sonko à Banjul s’est révélée être un moment clé, illustrant une volonté renouvelée de sur- monter les obstacles du passé et de donner un élan prometteur à leur par- tenariat stratégique. Cette rencontre, accompagnée de réunions entre experts et chefs de gouvernement, a abouti à la signature de 17 accords couvrant des secteurs prioritaires pour les deux pays. Ces avancées ouvrent la voie à de nouvelles perspectives de coopération, après plusieurs années de statu quo, et réaffirment la place centrale de cette alliance régionale.
Une relation historique et culturelle unique
Le Sénégal et la Gambie partagent une histoire profondément imbriquée.
Avant les découpages territo- riaux hérités de la colonisation, ces territoires formaient une seule entité où les populations vivaient et commerçaient libre- ment. Aujourd’hui encore, la frontière qui les sépare n’efface pas les liens familiaux, linguis- tiques et culturels qui unissent leurs peuples.
Ce contexte unique a donné naissance à l’expression « deux états, un même peuple », sou- vent employée pour illustrer cette proximité. Toutefois, mal- gré cette interdépendance naturelle, les relations entre les deux pays ont été marquées par des hauts et des bas, notam- ment à travers les difficultés à concrétiser des projets com- muns ambitieux.
Retour sur la Confédération sénégalo- gambienne
Un exemple marquant des efforts d’intégration est la Confédération sénégalo-gam- bienne, mise en place en 1982. Cette union visait à renforcer les liens politiques, économiques et culturels entre les deux nations. Malheureusement, après sept ans d’existence, elle fut dissoute en 1989, faute d’ac- cords sur des questions de sou- veraineté et de gouvernance.
Malgré cet échec, l’esprit de cette confédération continue d’inspirer les initiatives actuelles. La volonté de créer un partenariat plus fort et plus équilibré entre Dakar et Banjul semble renaître, portée par la reconnaissance mutuelle des bénéfices que chaque pays peut tirer d’une collabora- tion étroite.
Une coopération renforcée pour des enjeux communs
Les 17 accords signés lors de la visi- te d’ousmane Sonko témoignent de la diversité des domaines sur lesquels le Sénégal et la Gambie souhaitent tra- vailler ensemble. Parmi les priorités identifiées figurent :
• L’intégration économique : Le commerce transfrontalier est un pilier de la relation bilatérale. Des efforts sont en cours pour améliorer les infra- structures, simplifier les formalités douanières et encourager les investis- sements croisés.
• La sécurité régionale : Les deux pays font face à des défis communs, notamment la lutte contre le terroris- me, le trafic illicite et la criminalité transfrontalière. La coordination entre leurs forces de sécurité est essentielle pour garantir la stabilité de la sous- région.
• L’éducation et la culture : En s’appuyant sur leurs racines com- munes, les deux nations envisagent de renforcer les échanges éducatifs et cul- turels afin de consolider les liens entre
leurs populations, notamment les jeunes.
• L’environnement et la gestion des ressources natu- relles : Face aux effets du chan- gement climatique, la Gambie et le Sénégal ambitionnent de coordonner leurs efforts pour protéger leurs écosystèmes et assurer une exploitation durable des ressources natu- relles.
vers une nouvelle ère de partenariat
Cette relance des relations bilatérales s’inscrit également dans un contexte régional plus large. L’Afrique de l’ouest, por- tée par des organisations comme la CEDEAo, cherche à promouvoir l’intégration entre ses membres. En unissant leurs forces, le Sénégal et la Gambie peuvent devenir un modèle pour les pays de la sous-région, démontrant les avantages d’une coopération pragmatique et harmonieuse.
Cependant, pour transfor- mer ces ambitions en réalité, plusieurs défis doivent être rele- vés. Il s’agit notamment de sur-
monter les différences adminis- tratives, de garantir un suivi rigoureux des projets et de maintenir un dialogue politique constant entre les deux gouver- nements.
Un modèle pour l’avenir
Le rapprochement entre la Gambie et le Sénégal illustre l’importance de valoriser les atouts communs pour bâtir une relation mutuellement béné- fique. Dans un monde de plus en plus interdépendant, les petites nations peuvent tirer profit de leur unité pour peser davantage sur la scène régiona- le et internationale.
Cette nouvelle impulsion ouvre une ère prometteuse pour ces deux nations sœurs. En misant sur la complémenta- rité, la solidarité et une vision partagée de leur avenir, la Gambie et le Sénégal peuvent non seulement renforcer leur coopération, mais aussi inspirer d’autres partenariats similaires en Afrique et au-delà.
Une nouvelle impulsion pour la coopération bilatérale