Transition au Mali

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Au Mali, les partis politiques appellent à un nouveau rassemblement le 9 mai. Le 3 mai, leur meeting avait été empêché par des individus mobilisés par les autorités de transition et par l’intervention de la po‐ lice. Ce qui avait donné lieu à des scènes de contestation inédites devant le Palais de la culture de Bamako. Réunis lundi, les chefs de partis ont décidé de maintenir la pression, pour protester contre leur dis‐ solution programmée, mais aussi pour exiger la fin de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel. Un nouveau mee‐ ting est annoncé pour ce vendredi à 14 heures, devant le monument de l’indé‐ pendance. Cette fois, le rendez‐vous est fixé non pas dans une salle mais en pleine rue, au cœur de la capitale du Mali, sur une place symbolique des combats menés par le peuple malien, contre l’ex‐ président Ibrahim Boubacar Keïta (2013‐ 2020) ou contre les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, par exemple. « Nous montons d’un cran pour démontrer notre capacité de mobilisation », explique un chef de parti très impliqué, ajoutant que des contacts ont été pris avec d’autres acteurs – religieux, traditionnels ou de la so‐ ciété civile – pour tenter de les rallier. « Le peuple a son destin en main ! », s’enthousiasme déjà un ancien ministre.

Transition (bis)

Ce défi adressé aux militaires au pouvoir est « aussi un défi pour nous », nuance le président d’une formation politique majeure, confiant mais soucieux de préser‐ ver « l’unité des partis » et de parvenir à « fédérer nos concitoyens derrière notre lutte ». Pour autant, tous s’attendent à ce que le rassemblement annoncé soit inter‐ dit par les autorités de transition. « Ils sont fébriles, la peur a changé de camp », com‐ mente l’ancien ministre, qui précise que des«plansBetC»sontdéjàprêts.Encas d’interdiction, « nous resterons légalistes », assure également un autre dirigeant de parti : le rassemblement sera annulé par ses organisateurs, comme le meeting de samedi dernier. « Nous ne voulons pas tomber dans leur piège, nous n’irons pas à la violence. » Samedi et dimanche der‐ niers, les deux événements organisés par les contestataires au Palais de la culture et à la Maison de la presse avaient été em‐ pêchés. Pour le premier, perturbé ; pour le second, par des individus mobilisés par les autorités (parmi lesquels un membre du Conseil national de transition et des chargés de mission de la Primature et du ministère de la Réconciliation).

Transition (ter)

Des journalistes avaient même été « agressés physiquement et verbalement », selon un communiqué indigné de la Mai‐ son de la presse. Les partis politiques comptent demander la révocation administrative de ces personnalités officielles, et entreprendre des actions en justice à leur encontre. La violence des soutiens des militaires au pouvoir et l’interdiction vraisemblable du rassemblement prévu vendredi ne sont pas les seules menaces qui pèsent sur les militants prodémocratie. De nombreuses sources craignent que les autorités de transition ne prennent rapidement des mesures pour limi‐ ter les libertés de réunion et de rassemblement, voire pour suspendre les activités politiques dans le pays, comme elles l’avaient fait pendant trois mois l’an‐ née dernière. À ce stade, aucune annonce n’a été faite en ce sens. « Nous surveillerons le journal de l’ORTM et le compte‐ rendu du conseil des ministres de mercredi », confie encore un pilier de la contestation.