L’opposant Bassirou Diomaye Faye, encore en prison il y a deux semaines, va devenir le cinquième président du Sénégal. Comment celui qui était le « plan B » d’une formation politique dissoute par les autorités a-t-il remporté la présidentielle sénégalaise dès le premier tour ? Et qu’est-ce qui attend à court terme le futur chef de l’État ? Éléments de réponse.
Cette victoire à la présidentielle au Sénégal est le résultat d’une stratégie payante pour l’opposition et une sanction pour le régime du président sortant, Macky Sall, après douze années de pouvoir.
Il y a eu en quelque sorte un « alignement des planètes », souligne l’envoyée spéciale de RFI à Dakar, Charlotte Idrac.
D’abord, ce qui a fonctionné, c’est le programme, ce que les partisans du camp d’Ousmane Sonko appellent « le Projet ». Projet qui prévoit des changements dans les pratiques, le mode de gouvernance. Une « rupture » avec « le système » qui a trouvé un large écho, notamment auprès des jeunes.
Ousmane Sonko n’ayant pas pu se présenter, la stratégie a été de présenter sa « doublure » comme étant son alter-égo, au-delà de sa personne, celui qui incarne ce « Projet ». D’où le slogan de campagne « Diomaye mooy Sonko » (« Diomaye, c’est Sonko »). Bassirou Diomaye Faye a donc clairement bénéficié de l’aura de ce mentor qui a la capacité de mobiliser les foules.
Dans le camp d’en face, à l’inverse, Amadou Ba, l’ancien Premier ministre, est apparu comme le candidat de la « continuité » et il a été plombé par la partie négative du bilan du chef de l’État sortant, Macky Sall : problèmes de gouvernance, de corruption, sentiment d’injustice. Et puis il y a eu les violences de ces dernières années à travers le bras de fer avec Ousmane Sonko. Ça a constitué une « ligne rouge », affirmait ce mardi matin sur RFI Francis Kpatindé.