En attendant le lancement du référentiel économique Sénégal 2050‐Agenda national de
transformation systémique pour définir les mesures correctives nécessaires, redresser et
stabiliser la situation, le Premier a déclaré hier que le régime de Macky Sall n’a pas dit à la
vérité pendant plusieurs années au peuple sur la dette, le déficit budgétaire et le surfinan‐
cement entre autres.
A la hauteur de l’annonce, l’exercice était attendu.
Le Premier ministre (Pm) qui avait à ses côtés les ministres de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf ; le Garde des Sceaux, Ousmane Diagne et le secrétaire général du gouvernement, Al Amine Lo, a dénoncé hier, à Dakar, une «situation d’extrême gravité» laissée par le régime de Macky Sall. Comme du temps de ses 10 ans d’opposition, Ousmane Sonko n’a épargné personne en lançant des flèches assassines en direction de certaines hautes personnalités liées à la gouvernance de Macky Sall.
A l’occasion de cette séance du gouvernement face à la presse qui ouvre, selon lui, une longue série d’explications sur l’état des lieux de la situation économique du pays au moment de la prise de pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, le Pm est furax. «Nous n’aurions jamais imaginé que les choses étaient aussi catastrophiques. Les doutes légitimes subsistaient mais on ne pensait pas que l’ampleur des dégâts étaient à ce point. Nous étions loin de nous imaginer que les choses étaient si catastrophiques. On n’est plus au premier étage mais au 4ème sous‐sol», s’est exclamé avec indignation le Pm, le visage fermé, les mains sur la tempe.
En effet, au‐delà d’un pays en ruines annoncé récemment, Ousmane Sonko a déploré la situation calamiteuse dans laquelle le régime de Bassirou Diomaye Faye a trouvé les finances publiques du Sénégal. «Les constats de ces audits font ressortir la gabegie dans les dépenses tant dans leur choix que dans leur efficacité et impact. A cause des opérations extra budgétaires, nous n’avons pas trouvé ces ressources dans les caisses ou du moins, une bonne partie», a‐t‐il révélé.
Selon lui, cette situation a induit à des dérapages dans la gestion des finances publiques favorisés par la mauvaise gouvernance se manifestant notamment, par la «corruption, la concussion, des détournements de fonds et l’accaparement de biens publics par des privés dans tous les domaines». Suffisant pour enfoncer le clou à l’endroit des dignitaires du régime de Macky Sall. «Le Président Macky Sall et son régime ont menti au peuple et aux partenaires techniques et financiers en donnant des chiffres erronés, en les tripatouillant pour donner l’image d’une économie qui n’avait rien à voir avec la réalité», explose de colère Ousmane Sonko.
Secrets défense A preuve, dit‐il sous le contrôle du ministre de l’Economie, du plan et de la Coopération, le déficit budgétaire est, selon le rap‐ port d’audit, le double du taux annoncé par l’ancien régime. Mais ce n’est pas tout. La dette publique évaluée à 13 000 milliards de francs Fcfa est en réalité estimée à 15 000 milliards soit près de 83% du Pib. Alors que les murs du Bulding administratif Mamadou Dia résonnaient encore et les oreilles qui bourdonnaient par ces révélations, il confie dans la foulée et au détriment du peuple sénéga‐ lais, que plus de «2 500 milliards de francs Cfa ont été dépensés sous le sceau du secret défense et destinés à des lobbies politico‐affairistes».
Ce qui, à l’en croire, a permis à certaines au‐ torités de l’ancien régime de s’enrichir sans cause. Signe de cette mal gouvernance, Ousmane Sonko a révélé que 600 milliards prévus pour 2024, ont été dépensés en 2023 avant leur arrivée au pouvoir dont 300 milliards sans trace. Face à cette situation, il cite, nommément, Macky Sall, Moustapha Ba, Ab‐ doulaye Daouda Diallo et Amadou Ba comme ceux qui, par devoir et vérité, doivent s’expliquer devant les sénégalais.
En adoptant cet exercice de redevabilité en réponse à l’engagement du candidat Bassirou Diomaye Faye lors de la présidentielle de mars 2024, Ous‐ mane Sonko mesure, à juste titre, le risque que court notre pays devant les partenaires techniques et financiers. «C’est un risque pour l’Etat puisque cela pourrait avoir des répercussions avec les partenaires. Autant la situation n’est certes pas reluisante autant elle n’est pas irrécupérable », a‐t‐il rassuré, soulignant que le Fmi et la Banque mondiale ont déjà étaient avertis de la situation du Sénégal à l’arrivée du Président Bassirou Diomaye Faye au pouvoir.
Toutefois, avance‐t‐il, cette situation d’une extrême gravité, qui en appelle à la responsabilité de tous pour que même si les partenaires financiers arrivaient à se rétracter, des ressources endogènes puissent continuer à donner des satisfactions pour l’économie nationale. «Même si cela devait porter un sacré coup à notre image, nous devons respecter la parole donnée», a‐t‐il rapporté les paroles du président Bassirou Diomaye Faye décidé à dire la vérité au peuple et aux partenaires du Sénégal, a confié Ousmane Sonko.