Libération a épluché un autre volet du rapport de la Cour des comptes sur les dépenses de personnel de l’Etat (2015‐ 2018).
Des donnés invraisembla‐ bles ont été dénichés par la Cour des comptes lors du contrôle des dépenses de personnel de l’Etat pour la pé‐ riode 2015‐2018 dans le volet re‐ latif au Fichier unifié des données du personnel de l’Etat (Fudpe). En effet, le Fudpe a été créé par le décret numéro 2014‐1525 du 24 novembre 2014 qui le définit en son article 2 comme «une base de données consolidées, un système de gestion partagé, un réseau d’échanges entre systèmes traitant des données des agents de l’Etat ainsi qu’une plateforme de services pour la mise à jour coordonnée des données ». La plateforme Girafe adossée au Fudpe a pour objectif de dé‐ matérialiser et de raccourcir les étapes de la procédure d’élaboration des actes communé‐ ment appelés «circuit des visas » en vue d’assurer leur traitement sécurisé et diligent, avec au bout de la chaine, la signature électronique du ministre de la Fonction publique. L’examen de ces deux applications a permis de découvrir des données invraisemblables qui remette en cause la fiabilité du fichier. En effet, 512 agents de l’Etat sont «nés » avant 2002, donc mineurs lors du passage de la Cour ; mieux ou pire, 9 agents sont «nés » en 2012, 269 en…l’an 3000, 1 en l’an 4978 et 3 en 8831. Et ce n’est pas tout.
Le traitetement de données du Fudpe révèle aussi l’existence de doublons avec des agents ayant les mêmes prénoms, nom, date et lieu de naissance, numéros de Cni et de matricule. En effet, 2933 agents ont le même prénom, nom, date et lieu de nais‐ sance ; 7125 agents ont le même numéro de Cni et 8487 dispose des mêmes matricules.
«Le nombre élevé de doublons remet en cause la fiabilité du fichier qui n’intègre pas un dispo‐ sitif de verrouillage efficace », selon la Cour des comptes. En «fouillant » la masse salariale, la Cour des comptes a aussi mis à jour un autre scandale. Il a été relevé sur les états d’indemnités de vacation que des agents non immatriculés, c’est‐à‐dire inconnus de la Fonction publique et de la Direction de la Solde, figurent parmi les bénéficiaires. «Cette pratique est courante au niveau des structures relevant du ministère de la Santé et du ministère de la Justice », d’après la Cour. Elle signale par ailleurs que l’enveloppe supportée par le budget au titre des vacations est passée de 1,7 milliard en 2015 à 5 milliards de Fcfa en 2019. L’importance de cette variation a
amené la Direction de la Solde à saisir par lettres les ministères de la Santé et de la Justice. Mal‐ gré ces rappels, renseigne la Cour, les mêmes anomalies ont persisté sur les états de paiement ce qui a amené la Direc‐ tion de la Solde à proposer, par note du 14 novembre 2019 à l’attention du ministre des Finances et du Budget, l’arrêt de cette pratique à compter de la gestion 2020.