MAHAMADOU BONKOUNGOU, PDG DU GROUPE EBOMAF ET ACTIONNAIRE D’IBK BANK : «Le contenu du rapport de la Cour des comptes a été instrumentalisé à des fins médiatiques… »

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Comme l’a révélé Libération, dans son rapport sur les Finances publiques, la Cour des comptes a étrillé des opérations effectuées entre l’ancien régime et Ib Bank. L’actionnaire et pdg du groupe Ebomaf minimise et dément une rumeur faisant croire que le Sénégal aurait émis un mandat d’arrêt international contre lui.

Libération : Est‐ce que le marché africain des affaires est porteur en ce moment ?

Mahamadou Bonkoungou :

Permettez‐moi de vous remer‐ cier pour cette occasion que vous m’offrez à travers votre média de pouvoir m’exprimer. Avant tout propos, je voudrais rendre un grand hommage aux premières autorités des Etats et institutions qui nous ont ac‐ compagné jusqu’à cette date. Ceci dit, pour revenir à votre question, bien sûr, l’Afrique est un continent d’opportunités. Aujourd’hui, notre continent a une croissance démographique dynamique, des ressources na‐ turelles abondantes et une ur‐ banisation rapide. Cela crée une demande forte en infrastruc‐ tures, en services financiers et en innovations. Au sein du groupe Ebomaf, nous avons toujours cru en ce potentiel et avons fait le pari d’investir mas‐ sivement dans plusieurs sec‐ teurs stratégiques comme le Btp, la banque et les services. Ceux qui comprennent les réa‐ lités africaines et qui savent an‐ ticiper les besoins des populations verront que le mar‐ ché africain est non seulement prometteur, mais aussi il est in‐ contournable pour les décen‐ nies à venir.

Quels sont les obstacles qui ralentissent les investisse‐ ments des Africains en Afrique ?

L’un des défis majeurs auxquels les investisseurs africains sont confrontés sur leur continent, c’est l’accès au financement. D’abord, les banques sont en‐ core très frileuses pour accom‐ pagner les grands projets portés par des Africains. En‐ suite, il y a les lourdeurs admi‐ nistratives et parfois l’instabilité réglementaire qui freinent les investisseurs. Enfin et surtout, il faut aussi souligner le manque de solidarité entre Africains. Nous devons apprendre à nous faire confiance, à valoriser nos champions économiques c’est‐ à‐dire nos capitaines d’industrie ou d’affaires et à leur donner les moyens de se développer. Ebomaf a réussi à s’imposer parce que nous avons cru en notre capacité à rivaliser avec les multinationales étrangères sur notre propre sol, celui d’Afrique.

Pourquoi avez‐vous choisi de faire des investissements au Sénégal ?

Le Sénégal représente une économie clé avec des institutions fortes en Afrique de l’Ouest.C’est un pays dont la stabilité politique attire tout opérateur économique soucieux d’investir dans un environnement sociopolitique serein en vue de réaliser de bonnes affaires. Les dirigeants sénégalais ont une vision de développement qui favorise les infrastructures et les services financiers. Notre pré‐ sence au Sénégal ne date pas d’hier. Nous avons choisi d’y investir parce que nous croyons au potentiel et au dynamisme de ce pays. Que ce soit dans le Btp, la banque ou les autres services, nous avons toujours eu une approche stratégique : investir là où nous pouvons ap‐ porter une réelle valeur ajoutée au progrès socio‐économique africain.

Quels sont vos grands projets au Sénégal ?

Nous envisageons plusieurs projets d’envergure dans ce pays, aussi bien dans le secteur du Btp que dans bien d’autres. Nous avons déjà réalisé et continuons d’ériger des infrastructures majeures, contribuant au développement national. Toutefois, notre projet phare au Sénégal demeure l’usine de traitement des produits de la mer et l’unité de transformation de l’eau de mer

Interview

MAHAMADOU BONKOUNGOU, PDG DU GROUPE EBOMAF ET ACTIONNAIRE D’IBK BANK

«Le contenu du rapport de la Cour des comptes a été instrumentalisé à des fins médiatiques… »

Comme l’a révélé Libération, dans son rapport sur les Finances publiques, la Cour des comptes a étrillé des opérations effectuées entre l’ancien régime et Ib Bank. L’actionnaire et pdg du groupe Ebomaf minimise et dément une rumeur faisant croire que le Sénégal aurait émis un mandat d’arrêt international contre lui.

en eau potable porté par Ib Fish. Il s’agit d’un investisse‐ ment de plusieurs milliards de Fcfa avec une ambition réelle de réduire de façon significa‐ tive le taux de chômage au Sé‐ négal. Ces projets ne sont qu’un début. Nous avons une grande vision à long terme pour le Sénégal.

Dans la sous‐région, y’a‐t‐il des réalisations qui portent votre signature ?

Absolument ! Ebomaf est un acteur clé du développement infrastructurel en Afrique de l’Ouest et du Centre. Nous avons construit des routes et des infrastructures essentielles au Burkina Faso, au Bénin, au Togo et en Côte d’Ivoire. Par‐ tout où nous intervenons, nous laissons une empreinte durable, avec des réalisations de qualité qui transforment les économies nationales. En tant qu’un groupe économique et finan‐ cier éponyme, nous embras‐ sons divers secteurs d’activités (transport, banque, logistique, grande distribution, industrie…) dont plusieurs pays sont concernés par nos investisse‐ ments.

Pouvez‐vous apporter des éclaircissements sur les Certificats nominatifs d’obligations et des titrisations au Sénégal, et sur le fait que vous soyez cité dans le rapport de la Cour des comptes ?

Soyons clairs et honnêtes pour une fois : le nom Mahamadou Bonkoungou n’est pas cité dans le rapport de la Cour des comptes. Et nous mettons qui‐ conque au défi de prouver le contraire. Toutes les transac‐ tions effectuées par les deux fi‐ liales de Ib Bank ne concernent que celles‐ci. Seuls les diri‐ geants et les présidents des conseils d’administration (pca) de ces institutions bancaires sont les personnes habilitées à vous répondre sur cette question. Le contenu de ce rapport a été instrumentalisé à des fins médiatiques et travesti dans l’intention de nuire non seulement à notre réputation personnelle mais aussi à la crédibilité des filiales de Ib Bank. Il faut se rendre à l’évidence d’une chose. Le rapport ne remet en cause aucune illégalité; il souligne plutôt des problèmes procédures administratives qui concernent l’Etat du Sénégal et non la personne de Bonkoungou Mahamadou, président‐directeur général du groupe Ebomaf.

Un mandat d’arrêt international des autorités sénégalaises plane‐t‐il sur votre tête ?

Après tous les éclairages, préci‐ sions et mise au point que nous venons de donner tantôt, en toute objectivité et une question de bon sens, pourquoi un mandat d’arrêt planerait sur ma tête? Non, il n’y a absolument aucun mandat d’arrêt contre moi. Ces rumeurs ne sont que le fruit d’une cam‐ pagne de désinformation orchestrée pour ternir notre image et porter atteinte à la notoriété du groupe Ebomaf. Ce sont des accusations infondées utilisées comme des outils de manipulation pour freiner l’es‐ sor d’un entrepreneur africain qui réussit grâce à des entreprises performantes et compétitives. Donc, il s’agit là d’une pure invention médiatique qui est sciemment entretenue par des personnes qui veulent nous déstabiliser personnellement, espérant ainsi freiner l’ascension d’un Africain qui en‐ registre des succès dans le milieu très disputé et très concurrentiel des affaires. Rassurez‐vous et retenez surtout qu’il n’y a aucun dossier judiciaire contre notre personne au Sénégal, encore moins une menace d’arrestation. Je continue de mener mes activités normalement dans ce pays. Du reste, aucun rapport d’aucune institution de la République ne me cite nommément dans une quelconque malversation.

Une fois de plus, certaines sources évoquent un mandat d’arrêt en vue…

A mon humble avis, cette question devrait être adressée aux autorités sénégalaises, aux‐ quelles nous ne cesserons de témoigner notre profond respect. Pour notre part, nous tenons à préciser que les accusations relayées par les médias et repris sur les réseaux sociaux sont totalement infondées. Elles sortent de leur imagination pour servir des desseins inavoués. Toutes les transactions financières du groupe Ebomaf et de ses filiales, que ce soit au Sénégal ou dans d’autres pays où nous opérons, obéissent au strict respect des réglementations en vigueur. Nous restons donc sereins et confiants que la vérité va finir par triompher du mensonge fût‐il grotesque.

Quel rôle joue votre banque, Ib Bank, sur le marché financier sénégalais ? Apporte‐t‐elle une réelle valeur ajoutée ?

Nous tenons encore à vous rappeler que nous ne sommes qu’un actionnaire dans les deux banques mentionnés dans le rapport. Seules celles‐ci sont mieux indiquées à éclairer votre lanterne sur les préoccupations que vous soulevez. Nous vous invitons donc à prendre attache avec les pca et les directeurs généraux concernés de ces institutions pour plus d’informations. A eux de vous donner plus amples informations à même de satisfaire votre curiosité sur le contenu du rapport de la Cour des comptes.

Propos recueillis par

CMG