Le chef de l’Etat, Macky Sall, a reçu, lundi, au palais de la République, le rapport du dialogue national qui s’était tenu les 26 et 27 février au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, a appris l’APS de source officielle.
Après avoir reçu symboliquement le document des mains du ministre de l’Intérieur, Sidiki Kaba, le président de la République a déclaré avoir pris note des recommandations de cette concertation des forces vives de la nation, a indiqué la même source.
Conformément à la promesse qu’il avait faite à l’ouverture de cette concertation, Macky Sall a assuré qu’il allait saisir le Conseil constitutionnel afin de recueillir son avis au sujet de la date de l’élection et de la gestion de l’après 2 avril, la date marquant la fin de son mandat.
Il n’a pas manqué de magnifier le travail qui lui a été soumis et de saluer “le génie sénégalais à surmonter les difficultés pour renforcer davantage notre système démocratique”.
Plusieurs acteurs de la majorités présidentiels, de la société civile ainsi que des candidats recalés à l’élection présidentielle avaient pris part à cette concertation nationale qui avait été initiée par le président Macky Sall.
Des leaders religieux et coutumiers ont également pris part à cette concertation sanctionnée par la proposition faite par les participants au chef de l’Etat de prendre un décret convoquant le corps électoral le 2 juin prochain pour la tenue de l’élection présidentielle initialement fixée au 25 février dernier.
Ils ont également proposé que le président sortant, dont le mandat arrive à échéance le 2 avril, puisse rester en fonction jusqu’à l’installation de son successeur.
Seize des dix-neuf candidats retenus par le Conseil constitutionnel n’ont pas participé à cette rencontre, de même que plusieurs franges d’acteurs se réclamant de la société civile.
La décision de boycott de ce dialogue dit national est une des matérialisations de la crise politique que le pays traverse depuis l’annonce du report de l’élection présidentielle qui devait déboucher sur le choix d’un successeur au président Macky Sall, au pouvoir depuis 2012.
La convocation de cette concertation est le procédé choisi par Macky Sall préalablement à la détermination d’une nouvelle date pour l’élection présidentielle.
Il s’était notamment engagé le 16 février à “pleinement exécuter” une décision du Conseil constitutionnel invitant les autorités compétentes à fixer une date pour l’élection présidentielle, après que la juridiction a constaté l’impossibilité de l’organiser le 25 février, comme initialement prévue.
Dans cette même décision, le Conseil constitutionnel a jugé “contraire à la Constitution”, l’adoption par l’Assemblée nationale, d’une loi repoussant au 15 décembre prochain la tenue du scrutin.
Cette loi parlementaire a été votée le 5 février, deux jours après que le président de la République a annoncé, lors d’un discours à la nation, l’abrogation du décret par lequel il avait convoqué les électeurs aux urnes le 25 février.
Vague de libération d’activistes et de militants politiques
En prenant cette décision, le 3 février, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l’examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d’entre eux.
S’adressant à la nation, le chef de l’État a souhaité l’organisation d’un “dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé”.
Selon la loi électorale, il faut être de nationalité exclusivement sénégalaise pour briguer la magistrature suprême au Sénégal.
Les membres du groupe parlementaire Liberté et démocratie avaient demandé et obtenu la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les allégations de corruption et de “connexions douteuses”.
L’ouverture d’une information judiciaire a mis fin aux travaux de cette commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur les accusations portées par le PDS contre des juges du Conseil constitutionnel.
Quatre personnes ont perdu la vie dans les violences qui ont émaillé les manifestations de protestation contre le report de l’élection présidentielle.
Ces victimes ont été enregistrées à Dakar, Saint-Louis et Ziguinchor lors de heurts ayant opposé des protestataires aux forces de l’ordre.
Ces évènements ont été suivis, quelques jours plus tard, par une vague de libérations d’activistes et de militants arrêtés dans le cadre d’activités en lien avec leur engagement politique.