Le Pm à l’Assemblée nationale : DÉCLAMATION DE POLITIQUE GENERALE

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Un vent de rupture souffle sur l’Hémicycle. Hier, devant les députés de la 15e Législature, Ousmane Sonko a livré une Déclaration de politique générale (Dpg) qui, par son ton, son contenu et ses ambitions, marque une volonté de trancher avec le passé. S’appuyant sur le «Projet Sénégal Vision 2050», sa feuille de route est déclinée sur 7 ruptures «majeures» que son gouvernement entend opérer. Mais ce n’est pas tout, face aux députés, il a annoncé que la loi d’amnistie sera rapportée, la fermeture prochaine de toutes les bases militaires étrangères…Reste à voir si les actes suivront…

C’est fait ! Après la formation du gouvernement, le 5 avril dernier, le Premier ministre, Ousmane Sonko, et son équipe gouvernementale ont fait face à la 15ème Législature, hier, pour faire la Déclaration de politique générale (Dpg). Tout de blanc vêtu, le Premier ministre, qui s’est présenté à l’Assemblée nationale peu après 10 heures, a été accueilli par des députés, écharpes tricolores en bandoulière, des membres du gouvernement, mais aussi ses militants. «C’est avec un profond sens du devoir et une vision claire pour l’avenir que je me présente, aujourd’hui, devant cette auguste Assemblée. Je prends la parole, humble, face à l’immensité de la tâche à accomplir. A travers votre institution, je partage, avec les 18 millions de Sénégalaises et de Sénégalais vivant dans les villes, dans les campagnes et de la diaspora, la politique générale du gouvernement pour les 5 prochaines années, adossée à une doctrine et des principes de rupture systémique pour les 25 prochaines années», a déclaré le Premier ministre.
Le ton est donné. Ousmane Sonko a martelé la nécessité d’une rupture radicale. «Cette ère nouvelle est, disons-le, une rupture. Oui, en phase avec les orientations et l’exemple posés par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Il échoit à toute la Nation sénégalaise de rompre, de manière ferme et résolue, avec certaines façons de penser et de voir notre cher pays, ainsi qu’un bon nombre de pratiques établies. Cette rupture impérieuse s’applique au premier chef au gouvernement d’alternative démocratique éclatante dont j’ai l’honneur et le redoutable privilège d’être le Premier ministre. Je viens, dès lors, partager avec vous les principes, l’ambition et les orientations stratégiques du nouveau gouvernement, afin que nul n’ignore ce que nous voulons faire pour le Sénégal, et comment nous le ferons.» Le Sénégal, 64 ans après son indépendance, est présenté comme englué dans un modèle économique hérité de l’époque coloniale, exportant ses matières premières sans valeur ajoutée et accumulant des déficits abyssaux. Avec une balance commerciale déficitaire de 3300 milliards de francs Cfa, renseigne-t-il, «qui se creuse d’année en année, cela montre combien notre économie est aujourd’hui peu compétitive. Et toutes ces régressions de notre pays s’illustrent, de la manière la plus dramatique, dans la situation que nous avons héritée du régime sortant. Le Sénégal d’aujourd’hui, un modèle en panne, dans une Afrique sacrifiée», regrette-t-il.
«Le clientélisme sera aboli»
Revenant sur le «Projet Sénégal Vision 2050», le Premier ministre a détaillé les 7 ruptures majeures que son gouvernement entend opérer. «Notre ambition de mettre le Sénégal sur une nouvelle trajectoire n’est pas compatible avec ces méthodes du passé. Là-dessus, nous avons reçu du Peuple sénégalais un mandat clair : la Rupture. Dans ce cadre, notre gouvernement a opté pour 7 ruptures majeures dont les premières applications se sont traduites, depuis le mois d’avril 2024, par des avancées concrètes et des réalisations tangibles.» En effet, parmi les mesures, il cite, entre autres, l’abandon de la gestion partisane pour une logique de participation citoyenne, une décentralisation accrue et une administration moderne au service des citoyens. «En votant pour le Projet, les Sénégalais ont également rejeté cette façon de faire de la politique, où l’on proclame la main sur le cœur que la Patrie viendra avant le parti, et où chaque acte posé démontre le contraire. Nous ne voulons plus d’une gestion du pays qui se résume à la gestion partisane d’une clientèle politique. Le clientélisme sera aboli», a-t-il promis, soulignant que l’Administration doit être le fer de lance de la conduite du changement auquel «nous invite le chef de l’Etat».

Fermeture prochaine de toutes les bases militaires étrangères
Concernant la souveraineté en matière de défense, Ousmane Sonko annonce également la fermeture prochaine de toutes les bases militaires étrangères au Sénégal. «Le président de la République a annoncé la fermeture prochaine des bases militaires de la France au Sénégal. Pour ce qui est de la politique étrangère du Sénégal, les nouvelles bases ont été jetées, à savoir le retour à l’orthodoxie dans la représentation diplomatique sénégalaise à l’étranger avec l’accréditation de diplomates de carrière ainsi que le focus mis sur le renforcement des liens de coopération avec les pays africains», précise-t-il, tout en soulignant que la célébration du 80ème anniversaire du Massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1er décembre 1944, a été l’occasion pour le Sénégal d’affirmer sa souveraineté dans le rétablissement des faits tronqués, maquillés et cachés depuis 80 ans.

Vers l’abrogation de la loi d’amnistie
Sur le terrain judiciaire, le Premier ministre a annoncé aussi le dépôt prochain à l’Assemblée nationale d’un projet de loi portant abrogation de la loi d’amnistie votée par la précédente législature. «Il sera proposé à votre auguste Assemblée, dans les semaines à venir, un projet de loi rapportant la loi d’amnistie votée le 6 mars 2024 pour que toute la lumière soit enfin faite et les responsabilités situées, de quelque bord qu’elles se situent. Il ne s’agit pas ici de chasse aux sorcières, encore moins de vengeance, car aucun sentiment de revanche ne nous anime ; loin de là», a-t-il précisé.
A rappeler que cette loi d’amnistie avait ouvert la voie à la libération de Ousmane Sonko et du candidat de son parti à la Présidentielle du 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Faye.

Lancement des audits fiscaux
Pendant 2 heures et 14 minutes, Ousmane Sonko a déroulé son plan pour un Sénégal «souverain, juste et prospère». Face aux députés, il a livré également un plaidoyer pour une transformation systémique. «Les ruptures que je viens d’évoquer guideront notre Stratégie opérationnelle pour les 5 prochaines années. A chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais, je demande de ne pas être en reste dans ce combat, dans ces batailles. Vous avez exigé du gouvernement que vous méritez, un gouvernement de rupture. Vous l’avez demandé : vous l’aurez, parce que votre sacrifice de haut prix le mérite», a-t-il lancé.

Toutefois, si le discours de Sonko se veut porteur d’espoir, il est aussi une critique acerbe de l’héritage laissé par ses prédécesseurs. «Au cours des 8 derniers mois, le principal handicap auquel a été confronté mon gouvernement est l’héritage de la gestion d’un pays au milieu du gué, à l’image d’un bateau à court de carburant dans une mer agitée», décrit-il. Et de conclure : «Il nous fallait, à la fois, déconstruire les mauvais choix, attelages et agencements, redresser les manquements et choix malencontreux, et construire les fondations du nouveau Projet. Nous avons également lancé des audits fiscaux pour lutter contre la fraude fiscale et l’évitement fiscal.»