La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné, mardi 7 mai, la Russie pour le licenciement d’une enseignante en raison de photos publiées sur les réseaux sociaux où elle embrassait d’autres femmes. Alors que la Russie poursuit les militants et personnes LGBTQIA+ depuis quelques années, ce licenciement a eu lieu en 2014, antérieur au déploiement de la machine répressive russe.
La requérante, présentée par les initiales AK et âgée d’une trentaine d’années, enseignait la musique dans une école publique de Saint-Pétersbourg depuis trois ans lorsqu’elle a été convoquée en 2014. Elle a alors été informée de l’existence d’un « dossier » sur sa vie privée constitué par l’organisation non gouvernementale Parents de Russie.
Ce dossier, basé sur une recherche sur les réseaux sociaux, comprenait notamment des photos d’elle embrassant d’autres femmes et levant le majeur devant l’objectif.
L’enseignante a été priée de démissionner au motif de « sa propagande en faveur d’une orientation sexuelle non traditionnelle », ce qu’elle a refusé.
« Actes immoraux »
Elle s’est défendue devant les autorités scolaires en soulignant que personne ne s’était plaint de sa conduite auparavant. Mais elle a été licenciée en décembre 2014 pour des « actes immoraux incompatibles avec la poursuite d’activités d’enseignement ».
Elle a alors saisi la justice de son pays, sans obtenir gain de cause et, en dernier recours, a déposé une requête en août 2016 devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
La CEDH a jugé son licenciement manifestement disproportionné et estimé qu’elle avait été victime d’une discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. La CEDH a indiqué qu’il y avait eu violation des articles 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) et 14 (interdiction de la discrimination) de la Convention européenne des droits de l’Homme.