En Guinée, le procès du massacre du 28-Septembre au stade de Conakry est entré dans une nouvelle phase mercredi 22 mai avec le début des réquisitions. Les avocats des parties civiles ont fini de plaider mardi. C’est le ministère public qui a la parole depuis ce mercredi matin.
Le procureur a commencé en remontant le temps. Il a passé en revue l’histoire de la Guinée, de la colonisation à l’organisation du procès du 28-Septembre. Un long propos liminaire pour rappeler que « la Guinée est une famille », dit-il, « qu’aucun Guinéen n’est supérieur à l’autre ».
Il pleut alors sur le toit en tôle du tribunal criminel de Dixinn, le fracas de l’eau sur l’aluminium couvre l’intervention du magistrat, presque inaudible. La salle d’audience est plongée dans la torpeur. Les gardes pénitentiaires somnolent sur leurs fauteuils bleus. Le procureur poursuit. Il fait un long rappel des faits, rappelant le contenu des procès-verbaux, les déclarations lors des audiences, insistant sur les contradictions des accusés.
Requalification des faits
Il y a beaucoup de redites lors de cette première intervention. Son collègue prend la parole autour de 11h30. Il a décidé d’évoquer les preuves que contient le dossier, il a aussi prévu d’aborder la requalification des faits en crimes contre l’humanité.
Le ministère public doit annoncer aujourd’hui les peines qu’il requiert contre les 11 accusés, dont l’ancien dictateur Moussa Dadis Camara. Ensuite, les avocats de la défense pourront s’exprimer. Ils sont une quinzaine. Et puis, ce sera le temps du verdict. La fin du procès du 28-Septembre approche à grands pas.
Le 28 septembre 2009, au moins 156 personnes ont été tuées par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, plus d’une centaine de femmes ont été violées et des centaines de personnes ont été blessés au stade de Conakry, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Les chiffres réels sont probablement plus élevés. C’est l’une des pages les plus sombres de l’histoire moderne de la Guinée.