ENQUÊTE SUR LE DOUBLE MEURTRE À PIKINE-TECHNOPOLE : La Dic sur les traces d’une exécution planifiée

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6 suspects sur les 7 en cause sont en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur le double homicide de Pikine‐Technopole. Nos révélations.

Mardi dernier, dans la soirée, les corps sans vie du danseur et acteur Abdoul Aziz Ba dit Aziz Dabala et d’un garçon de 17 ans se nommant Waly avaient été découverts dans un appartement situé à Pikine‐Techno‐ pole. Les premiers constats effectués par la police scientifique attestaient formellement d’un double homicide commis, dans la nuit du 18 au 19 août, avec une violence inouïe à l’aide d’un objet tranchant. Immédiatement, l’autorité policière a dessaisi le commissariat de Pikine et confié l’enquête à la Division des investigations criminelles (Dic) qui a pris les choses en main le 20 août. Très rapidement, les enquêteurs tiennent une piste avec des retraits Wave (5000 Fcfa) effectués sur le compte d’Aziz Dabala bien après l’heure signalée du décès.

Ils mettent la main sur les nommés Serigne Sarr, Oumar Guèye puis Assane Diaw en dernier lieu. A la question des enquêteurs à savoir comment ils ont pu avoir le code, les trois s’accusent mutuellement. N’empêche, le bornage de leurs téléphones révèlent qu’ils étaient tous les trois dans l’appartement au moment du double homicide. Les éléments techniques établissent aussi la présence sur les lieux de deux autres per‐ sonnes : Mamadou Lamine Diaw et un des parents Ous‐ seynou Diaw, cueillis tous les deux à Touba. Transféré à Dakar, Mamadou Lamine Diaw dit Modou Lô qui prétendait avoir agi seul lors d’un bref interrogatoire, change littéralement de version. A Touba en effet, il avait confié qu’il était venu demander de l’argent à Aziz Dabala. Et que suite à une altercation, il l’aurait tué avant de poignarder aussi le jeune Waly surpris dans sa chambre. Mais, devant les enquêteurs de la Dic, Ma‐ madou Lamine Diaw a dit qu’il n’a pas agi seul et précisé même que l’arme du crime (un couteau) lui aurait été remis par Ousseynou Diaw, ce que dernier nie. Dans tous les cas, Mamadou Lamine Diaw recon‐ naît la préméditation puisqu’il dit être venu dans l’apparte‐ ment avec un couteau. Il a en‐ core évoqué cette histoire d’argent qu’il demandait à Aziz Dabala pour acheter une or‐ donnance à sa mère avant de parler des propositions d’actes contre nature qu’il aurait re‐ fusé lors de cette demande, non sans accuser les défunts d’être un «couple homosexuel ». Hier, au moment où nous mettions sous presse, il était encore entendu sur cette dernière déclaration.


Dans cette affaire qui comporte beaucoup de zones d’ombre que les enquêteurs tentent d’éclairer, il faut dire que l’arrestation de la danseuse Nabou Lèye, connue comme étant une amie d’Aziz Dabala, a surpris plus d’un.

Mais cette dernière a été confondue par une preuve technique irréfutable. Enten‐ due dans un premier temps comme témoin, Nabou Lèye avait affirmé que le soir des faits, elle était partie à un Thiant avec Aziz Dabala. Moins d’une heure après, elle affirme avoir déposé Aziz Dabala chez lui avant de prendre un taxi. A 22 heures, elle prétend qu’elle est rentrée chez et elle ne serait pas ressortie. Problème : son portable bornait dans l’appartement d’Aziz Dabala au moment où elle disait dormir. Interpellé sur cette vérité scientifique, elle a été incapable de livrer la moindre explication.

Pour les enquêteurs, il est clair que Nabou Lèye est venue dans l’appartement pendant ou après le double meurtre. Sur la base de preuves techniques irréfutables, les limiers de la Dic ont aussi découvert que Nabou Lèye a déposé Aziz Dabala, en cours de route (vers Nietti Mbaar) et non chez lui. Et que de là, Aziz Dabala a été suivi jusqu’à chez lui par Mama‐ dou Lamine Diaw, Ousseynou Diaw, Assane Diaw et une qua‐ trième personne activement recherchée. Si Aziz Dabala était la cible principale de ce qui ressemble à une exécution préméditée, Waly apparaît comme un dommage collatéral dans cette sordide affaire. L’autre fait constat révélé par les réquisitions est que tous les 6 interpellés ont, à plusieurs reprises, échangé au téléphone le jour des faits et qu’ils étaient tous sur les lieux du crime pen‐ dant ou après les faits.

Mieux, ou pire, durant toute la journée, Serigne Sarr appelait avec instance Nabou Lèye que les enquêteurs soupçonnent  d’avoir «livrer » Aziz Dabala avant de faire semblant de découvrir les corps sans vie mardi soir. Les prochaines heures seront décisives dans la poursuite de cette enquête qui, au‐delà de la Direction de la police judi‐ ciaire (Dpj) a mobilisé tous les services de la Direction de la sécurité publique (Dsp). Il est à déplorer que plusieurs per‐ sonnes n’ayant rien à voir dans cette enquête ont vu leurs photos être exposées dans les réseaux sociaux. Au moins 3 plaintes sont annoncées.
CMG