Concurrencée par l’Amérique et la Chine, l’Europe face au risque d’une «lente agonie»

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Le Conseil européen se réunit de manière informelle ce 8 novembre en Hongrie, à Budapest. Au menu des discussions entre les vingt-sept chefs d’État du Vieux Continent – sauf Olaf Scholz – le « rapport Draghi » sur la compétitivité européenne. 400 pages, et un diagnostic alarmiste qui prédit une « lente agonie » à l’Europe si un choc massif d’investissements dans la recherche et l’innovation n’est pas réalisé rapidement. Si le constat fait consensus au sein de l’UE, ce qui divise les États membres, c’est la stratégie à suivre.
« Transition verte, défense, technologies d’avenir »… l’ancien Premier ministre italien Mario Draghi a listé 170 propositions et chiffré à 800 milliards d’euros par an les besoins en investissements dans l’innovation, écrit notre envoyée spéciale à Budapest, Carlotta Morteo. Le constat de M. Draghi est sombre et sans appel : l’Europe subit un important décrochage économique par rapport aux États-Unis et accroit dangereusement sa dépendance envers la Chine pour certaines matières premières et technologies stratégiques. Le revenu par habitant « a augmenté presque deux fois plus aux Etats-Unis qu’en Europe depuis 2000 », souligne-t-il encore.

Choc massif

Pour financer ce choc massif, il propose notamment de construire une union des marchés de capitaux à même de pouvoir orienter l’épargne européenne. Une idée qui bute depuis quinze ans sur l’incapacité des Européens à se mettre d’accord. Dans une vision fédéraliste, il conseille de réaliser de nouveaux emprunts européens en commun, sur le modèle du plan de finance de relance post-Covid-19, une proposition chère à la France et à l’Italie, des pays aux déficits excessifs, mais combattue par les pays frugaux  tels que l’Allemagne, la Suède, ou les Pays Bas.

Champions européens

Autre sujet de dissension entre les Vingt-Sept : l’idée de faire émerger des champions européens dans des secteurs clés (l’énergie, les télécommunications ou la banque). Autrement dit, plutôt que de se faire concurrence entre pays, construire une politique industrielle commune, pour trouver des économies d’échelle, voilà qui serait un vrai changement de logiciel pour les Européens. 

Ceux-ci débattront pour la première fois de ces outils suggérés par Mario Draghi, qui sera présent pour ce Conseil Informel des Vingt-Sept, aux côtés de l’actuelle présidente de la BCE, Christine Lagarde.