ADMINISTRATION CENTRALE DE L’ETAT : Le stock de la dette est passé de 7 137,4à 13 854,3 milliards Fcfa en 6 ans

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Libération a pris connaissance d’un document du ministère des Finances et du Budget sur
les risques budgétaires de 2025 et les mesures pour y faire face. La dette du Sénégal et ses
garanties figurent en bonne place.

Sur les six dernières an‐ nées, le stock de la dette de l’administration centrale de l’Etat du Sénégal est passé de 7 137,4 milliards Fcfa à 13 854,3 milliards Fcfa à fin 2023, soit une progression de 17,58% par rapport à fin 2022. Tenant compte de la dette du secteur parapublic (1 380,8 milliards Fcfa), le stock de la dette totale (secteur public) ressort à 15 235 milliards Fcfa, soit 79,97% du Pib à fin décembre 2023. L’encours global de la dette publique est constitué à 66,8% de dette extérieure et 33,2% de dette intérieure. Cette évolution significative, est à mettre en relation avec les ressources mobilisées dans le cadre du financement des Plans d’actions prioritaires (Pap 2014‐2018, Pap 2019‐2023) du Plan Sénégal émergent (Pse, horizon 2035). Ce plan a nécessité en effet la mobilisation de ressources d’un montant total de 9 685,6 milliards Fcfa pour la période 2014‐2018, et 14 098 milliards Fcfa pour la période 2019‐2023. Selon le type de créancier, la dette extérieure de l’administration centrale est constituée à 26,15% de dettes multilatérales, à 24,39% de dettes commerciales, 18,09% pour les
eurobonds et à 15,5% de dettes bilatérales. Cette répartition dénote un poids de plus en plus important des crédits commerciaux au détriment des prêts concessionnels et semi concessionnels Poids très important des crédits commerciaux Conformément aux orientations de la stratégie d’endette‐ ment, on note une prépondérance de la devise euros qui représente 52% de la dette extérieure. Selon l’op‐ tique du type de taux d’intérêt, l’encours de la dette publique à fin 2023 est composé de 11 594 milliards Fcfa de dette à taux fixe soit 84% et 2 178 milliards Fcfa de dette à taux variable soit 16% (y com‐ pris les Bta). Concernant la maturité, l’encours de la dette à court terme (selon l’échéance initiale) est arrêté à 193 mil‐ liards Fcfa et celui à moyen et long terme de 13 660,9 mil‐ liards Fcfa, soit 99 % du porte‐ feuille de la dette.
Sur la période du premier semestre de l’année de gestion 2024, le service de la dette a été exécuté à hauteur de 57%. La mise à jour du service à payer sur le dernier semestre a pris en compte les intérêts sur les nouvelles dettes enregis‐ trées, notamment l’eurobond à placement privé (dont les in‐ térêts sont estimés à 17, 79 mil‐ liards Fcfa) mais aussi les émissions sur le marché régio‐ nal dont les conditions finan‐ cières se sont dégradées (hausse des taux d’intérêts et raccourcissement de la matu‐ rité). Compte tenu de ces nou‐ velles informations, le service de la dette de 2024 mis à jour devrait s’établir à 2502,62 milliards Fcfa. Le service de la dette de 2024 mis à jour attendu à 2502,62 milliards de Fcfa Toutefois, les taux d’intérêts variables ont une tendance baissière ces derniers mois et les projections des sites spécialisés confirment cette dynamique.

Quant aux taux de change par rapport au Fcfa, la tendance est haussière en lien avec la chute de l’euro par rap‐ port au dollars Us pendant les dernières semaines du mois de novembre. Le risque lié à la dette publique représente la variation future des coûts de la dette et son impact au niveau du budget. La gestion de ce risque dépend de la situation économique et financière du pays c’est‐à‐dire de sa capacité à absorber les chocs. L’analyse du portefeuille de la dette à fin 2023, a mis en exergue l’existence de plu‐ sieurs risques inhérents à la gestion de la dette. Risque de refinancement On peut citer ainsi le risque de refinancement. Mais, le risque de refinancement est plus ou moins maitrisé même si la dette intérieure, avec un temps moyen d’échéance de 3,4 ans, fait l’objet d’un suivi particulier dans le sens de rallonger les maturités dès que la situation du marché régional devient plus favorable. Toutefois, avec un montant d’environ 430 milliards Fcfa mobilisé au cours de l’année 2024 (jusqu’en fin septembre) sur des maturités à court terme, soit 169 milliards Fcfa sur la dette intérieure et 262 milliards Fcfa sur celle extérieure, ces indicateurs risquent de se dégrader sensiblement entraînant ainsi un pic en 2025, avec un service de la dette projeté à 3 585,52 milliards Fcfa, soit 2 653,44 milliards Fcfa en principal et 932,08 milliards Fcfa en intérêts.

Du pic de 2025, viendront s’ajouter ceux identifiés en 2026, 2027 et 2028, du fait essentiellement du remboursement de l’eurobond 2018 et de certains prêts commerciaux. Un recours croissant au finan‐ cement commercial de courte maturité sur le reste de l’année 2024 et en cours d’année 2025

pourrait accentuer la contrainte. Il ya aussi le risque de taux d’intérêt qui concerne l’exposition à l’évolution des taux d’intérêt pouvant impacter le montant du service de la dette budgéti‐ sée. Le taux d’intérêt implicite moyen pondéré du porte‐ feuille de la dette extérieure ressort à 3,4% à fin décembre 2023 et environ 15,4% de ce stock est à taux variable. Les intérêts dus au titre de la dette directement libellée en taux va‐ riables pour l’année 2025 ressortent à près de 237,69 milliards Fcfa. Ainsi, toute augmentation d’un point de base (1%) des taux d’intérêt variables entraînerait une hausse du service de 2025 de l’ordre de 2,38 milliards Fcfa. A ce titre, le recours, à l’avenir, aux prêts com‐ merciaux indexés sur les taux d’intérêts variables qui pourrait engendrer une incidence plus considérable, devrait être li‐ mité.

Un risque de change existe par ailleurs.

A fin décembre 2023, près de 65,3% du portefeuille de la dette publique est libellé en devises étrangères. Même si ce risque est atténué par la part de l’euro qui a une parité fixe (34,2%), la part du dollar et devises apparentées (31%) consti‐ tue un facteur de vulnérabilité.
Le service de la dette existante libellé en devises autre que l’euro pour l’année 2025 repré‐ sente 22,4%. Ce service équi‐ vaut à près de 423,96 milliards
Fcfa. Toute appréciation de 1%- des devises par rapport au Fcfa ou à l’Euro entraînerait une hausse du service de l’ordre de 4,239 milliards Fcfa.

CMG