Jeux paralympiques: «L’Afrique va défendre ses chances, mais cela va être difficile»

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C’est ce soir (20h heure française) que s’ouvrent les Jeux paralympiques de Paris 2024 (à suivre en édition spéciale sur RFI). 44 pays africains vont participer à ces Jeux. Le sport paralympique en Afrique est balbutiant, il y aura moins d’athlètes pour cette édition par rapport à celle de Tokyo en 2021. Mais le continent affiche de plus en plus d’ambition pour relever le niveau de ses para-athlètes, même si les défis restent nombreux, selon Étienne Songa Bidjocka, secrétaire général du Comité national paralympique camerounais et membre du Comité paralympique africain. Il répond aux questions de Sidy Yansané.

Aux derniers Jeux paralympiques de Tokyo, les athlètes africains avaient remporté 63 médailles, donc beaucoup moins qu’à Rio de Janeiro en 2016. Vous pensez que l’Afrique est mieux préparée cette fois-ci pour les Jeux de Paris ?

Étienne Songa Bidjocka : Il faut dire que non, puisque, déjà, en termes de participation, cette année, c’est 29 % d’athlètes en moins par rapport à Tokyo. Avec moins de représentants africains, il serait étonnant de voir l’Afrique faire mieux en termes de médailles d’ici la fin de ces Jeux. Donc, on n’est pas très optimiste.

Hormis quelques pays, on reproche à la plupart des États africains leur peu d’ambition en matière de politique sportive : manque de financement, de soutien, d’infrastructures… Quels sont les défis à relever, selon vous, pour les disciplines paralympiques ?

Vous avez tout dit pratiquement. Le problème majeur, il n’est pas que paralympique, il commence avec les Olympiques, mais il est aggravé avec les Paralympiques parce que, justement, il y a une question de financement du sport en général. Maintenant, le problème se pose avec plus d’acuité pour le sport paralympique, parce qu’il n’y a pas d’infrastructures pour la pratique du sport paralympique. Les choses demandées ne sont pas toujours adaptées et quand elles sont disponibles, l’accessibilité n’est pas évidente : il faut payer des salles, des gymnases, etc. Au niveau du matériel, vous avez des sports qui sont « interdits » en Afrique, comme le basketball en fauteuil. Ce ne sont que des pays d’Amérique, d’Afrique du Nord ou d’Afrique du Sud qui peuvent acquérir le matériel qui est extrêmement cher. En termes de technologie assistive, c’est-à-dire des prothèses, des orthèses, donc tout le matériel d’accompagnement pour la pratique de ces sports-là, il faut oublier l’Afrique, car un bon fauteuil de basketball, de tennis, ça va dans les 2 000 euros ! Qui va acheter cinq, six, sept, dix fauteuils ? Ce n’est pas évident. Donc, vous constatez que seulement au niveau du matériel, de l’équipement para-sportif, il y a plein de sports pour lesquels l’Afrique est déjà « out » de façon directe. Et quand vous avez les moyens pour participer à des compétitions qualificatives, ce qui est déjà difficile, vous avez des problèmes de visa par exemple. Pour une délégation de dix athlètes qui doivent aller en France, ce n’est pas sûr pour vous d’obtenir tous les visas, et c’est le cas pour tous les pays de l’Occident. C’est difficile pour les pays africains à plusieurs niveaux.