La Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) vient de publier la situation
économique et financière en 2023 ainsi que les perspectives pour cette année 2024.
Dans ses perspectives, la Dpee fait remarquer que l’année 2024 marque l’entrée du Sénégal dans le groupe des pays producteurs de pétrole et de gaz. «Cette production dé‐ marre dans un contexte de dé‐ tente des cours des matières
premières notamment le pé‐ trole brut. A la faveur du démar‐ rage de la production
d’hydrocarbures, le taux croissance a été revu à 7,3% contre une prévision initiale de 9,2% et une estimation de 4,6% en 2023 », renseigne la Dpee. Cette croissance serait large‐ ment tirée par le secondaire (+16,2%) et, dans une moindre mesure, par les secteurs primaire (+4,8%) et tertiaire (+4,9%). La croissance du Pib hors hydrocarbures passe de 6% à 4,8%. S’agissant des prix, en 2024, le déflateur du Pib est prévu à 3,6% contre 3,9% en 2023 et 8,7% en 2022. Cette détente des prix est, en liaison, avec le ralentissement des cours des matières premières, enclenché depuis 2023. S’agissant des Finances pu‐ bliques au titre de l’année 2024, le déficit a été révisé à 946,9 mil‐ liards (4,55% du Pib) contre une prévision initiale de 840,2 mil‐ liards (3,9% du Pib) en liaison avec le relèvement la baisse attendue des recettes comparativement aux objectifs de la Loi de finances initiale (Lfi) mais aussi de l’ajustement à la hausse des dépenses portant notamment sur les intérêts et les subventions à l’énergie.
Quant à la pression fiscale, elle est attendue à 19,5%. Concernant la balance des paiements en 2024, la situation des échanges avec le reste du monde se traduirait par un déficit du compte des transactions courantes de 2838,0 milliards en 2024 (13,6% du Pib) contre 3488,2 milliards en 2023 (18,9% du Pib). Cependant, le compte de capital se renforcerait de 143,6 milliards en s’établissant à 264,7 milliards en 2024. Par ailleurs, le solde du compte finan‐ cier se replierait de 808,0 milliards. En définitive, le soldeglobal de la balance des paiements devrait afficher un excédent de106,9 milliards en 2024. Pour ce qui est de la situation monétaire en 2024, elle serait marquée par une hausse des avoirs extérieurs nets (+106,9 milliards), une progression des créances intérieures 11,0% et une expansion de la masse moné‐ taire (+12,0%). Pour autant, il y a des risques macroéconomiques. Qui plus, l’économie mondiale est confrontée, ces dernières années, à des crises majeures et multiformes liées, principalement, à la crise sanitaire et au conflit russo‐ukrainien. Ces événements ne sont pas sans conséquences sur l’activité économique de notre pays.
Certains évènements pourraient remet‐tre en question les hypothèses de projection. Au plan international, les conséquences de la crise entre la Russie et l’Ukraine ainsi que le conflit au moyen occasionnent des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement avec une hausse consi‐ dérable des coûts d’acquisition de certains produits tels que le blé, les produits pétroliers et les matériaux de construction. En outre, la persistance de l’inflation et le maintien ou la poursuite du durcissement des conditions de financement des économies des pays en développement constituent un risque majeur pour notre économie. Globalement, la classification des risques externes, selon la probabilité d’occurrence, est la suivante : l’amplification de la crise russo‐ukrainienne et du conflit au moyen orient ; le relèvement ou la chute drastique des cours du pétrole et de gaz et la hausse vertigineuse des cours des autres produits de base.
Au titre des risques internes, la classification en fonc‐tion de leur probabilité d’occurrence peut être retenue : une baisse de la production de pétrole et de gaz par rapport au dernier calendrier ou programme de production ; une persistance de l’inflation ; une baisse de la production agricole en liaison notamment avec le volume et la répartition spatiotemporelle de la pluviométrie ; le retard dans la mise en service d’infrastructures de grande envergure à fort impact sur la mo‐ bilité. S’agissant d’une baisse de la production de pétrole et du gaz, les contraintes potentielles sont les suivantes : les risques liés à la situation financière des entreprises pétrolières internationales engagées dans les projets Sangomar et Gta ou à un changement de stratégie en termes de gestion de portefeuille ; le risque politique qui pourrait découler d’un changement de pa‐ radigme imposé par un nouveau régime occasionnant une modification du calendrier initiale‐ ment prévu ; et une crise de grande envergure du marché des hydrocarbures marquée par une baisse importante du niveau des prix rendant le démarrage de l’exploitation très peu profitable voire impossible, en rapport avec des pertes insoutenables.