ENQUÊTE DE L’OCRTIS SUR LA DROGUE SAISIE À KEUR AYIB ET À NGOR-VIRAGE : Les dessous de la chute de «Scarface»

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L’arrestation de Sylvain Bathiapara Mendy et Cie est la prolongation d’une autre affaire de
drogue éventée par l’Ocrtis en février dernier. Nos révélations exclusives.

Ce sont de graves incriminations que les enquêteurs de l’Ocrtis ont retenues contre Sylvain Bathiapara Mendy (1) Pathé Guèye (2) Ousmane Camara, (3) Alain Diatta
(4) Amadou Diam Ndoye (5) et Abdoulaye Seck (6). Ils sont visés pour pour association de malfaiteurs aux fins d’importation de cocaïne pour trafic en groupe criminel organisé, blanchiment de capitaux et détention d’arme à feu automatique sans autorisation contre le premier ; association de malfaiteurs aux fins d’importation de cocaïne pour trafic en groupe cri‐ minel organisé et blanchiment de capitaux contre le deuxième ; association de malfaiteurs, aide ou assistance dans une entre‐ prise d’importation de cocaïne, de blanchiment de capitaux à travers un groupe criminel orga‐ nisé pour le troisième et le quatrième ; aide ou assistance à une entreprise d’importation de co‐ caïne aux fins de trafic et blanchiment de capitaux contre le cinquième ; association de malfaiteurs dans une entreprise d’importation de cocaïne, de blanchiment de capitaux à travers un groupe criminel orga‐ nisé, détention ou offre et facilitation à l’usage de drogues contre le sixième. Comme nous le révélions, dans cette affaire, les enquêteurs ont saisi 22,6 kilos de cocaïne à Keur Ayib et dans l’appartement de Sylvain Bathiapara Mendy à Ngor‐Virage. Si les mesures de garde à vue des nommés Ous‐ mane Faye et Ibrahima Faye ont été levées après leurs auditions, le reste du groupe risque gros.

Au commencement était l’arrestation de Sidy Diatta Selon nos informations, leurs interpellations font suite à l’exploitation de renseignements liés à l’affaire Sidy Diatta et Alain Boyer arrêtés le 12 février 2024 pour trafic de haschich. Parmi les contacts qui semblaient coacher Sidy Diatta, les enquêteurs avaient identifié un surnommé «Scarface» devenu, après investiga‐ tions techniques, Sylvain Bathiapara Mendy. Il a été relevé entre eux des transactions finan‐ cières importantes mais aussi une série de communications sur WhatsApp avec des photos de haschich, de valises avec des doubles fonds, des titres fonciers…
Il ressortait des investigations de l’Ocrtis que Mendy était à la tête d’un vaste réseau d’importation
et de réexportation de drogues (cocaïne et haschich) depuis la Guinée Bissau, la Gambie, le Maroc et la Mauritanie. Une par‐ tie de la drogue était commercia‐ lisée au Sénégal alors que l’autre était reconditionnée et réexpédiée en Europe (France et Belgique). De plus, il est apparu que Mendy collaborait avec un chauffeur mécanicien du nom de Pathé Guèye, arrêté avec lui à Keur Ayib, à l’occasion des convois de drogues. Les mêmes renseignements de l’Ocrtis présentaient Papa Abdoulaye Seck comme le gérant d’un point de deal qui était à l’hôtel «Terrou‐bi ». Mendy utilisait aussi Nguerigne et Ngaparou comme points de chute pour déminer la drogue avec le soutien d’Amadou Diam Ndoye, selon toujours les Ndoye, selon toujours les renseignements de la Police.

Le 12 mai, les enquêteurs ont appris que Sylvain Bathiapara Mendy et Pathé Guèye allaient se rendre en Gambie aux fins de convoyer une forte quantité de cocaïne. Ce faisant, une équipe de l’Ocrtis a été déployée aux alentours de Ngor‐Virage où les suspects ont été repérés dans un véhicule de type 4X4 de marque Toyota Land cruiser de couleur blanche. De ce fait, les Unités ont été alertées et un dispositif de filature a été déclenché. Le 13 mai 2024, vers les coups de 06 heures du matin, au poste frontalier de Keur Ayib, le véhi‐ cule a été immobilisé et la fouille effectuée s’est soldée par la dé‐ couverte de 18 pains de cocaïne d’un kilogramme chacun, soi‐ gneusement dissimulés dans les portières de la voiture.
Sur le champ, Mendy a reconnu la paternité de l’ensemble de la drogue saisie.


Au même moment, une autre équipe de l’Ocrtis a fait mouvement à Nguérigne Sérère. Le
transport effectué a permis d’appréhender Amadou Diam Ndoye, Ousmane Faye et Ibrahima Faye. Il s’est soldé aussi par la découverte et la saisie, dans la rési‐ dence appartenant à Mendy, de la somme d’1,6 million de Fcfa, de 39 grammes de cocaïne, de skunk, d’un kit de consommation de skunk ; d’une balance électronique ; d’un véhicule de type «Buggy» mais aussi d’une arme automatique avec des munitions. Parallèlement, les éléments de l’Ocrtis déployés à Ngor‐Virage, pour surveiller l’appartement de Sylvain Bathiapara Mendi ont intercepté les nommés Alain Diatta et Ousmane Camara. Continuant la perquisition de l’appartement de Sylvain Bathiapara Mendy, en sa présence constante, les policiers ont saisi des documents adminis‐ tratifs portant sur des titres de propriété de terrains, un kit de
consommation de skunk, des factures, un ordinateur fixe, des valises vides et d’autres documents administratifs.
La fouille d’une des valises s’est soldée par la découverte de deux doubles fonds dans lesquels les policiers ont trouvé quatre sa‐ chets en plastique contenant 2,600 kilogrammes de cocaïne. Il a été constaté, dans le même temps, trois autres valises avec des doubles fonds aménagés prêtes à l’emploi, ainsi que du matériel de reconditionnement. Quelques minutes après, Papa Abdoulaye Seck a été aussi interpellé à Mermoz.

Sylvain Mendy passe aux aveux et tente de décharger tout le monde

Interrogé par les enquêteurs, Sylvain Bathiapara Mendy a d’entrée admis son statut de trafi‐ quant de cocaïne en essayant sans conviction d’endosser la responsabilité sur toute la chaîne. Il
a aussi révélé avoir été condamné en France pour des affaires de drogue.
Il a reconnu d’ailleurs s’être rendu en Gambie, trois semaines avant son arrestation, pour récupérer de la drogue en se «glissant » dans le convoi Papa Abdoulaye Seck qui partait avec ses amis en Gambie. Pour autant, il soutient que le fils d’Idrissa Seck ne serait pas au courant du trafic qu’il opé‐ rait. Il dépeint d’ailleurs ce der‐ nier comme un innocent dont il profitait de sa notoriété. N’empêche, invité à faire la lumière sur le propriétaire du véhicule de marque «Buggy» retrouvé dans la villa de Nguérigne Sérère, il a déclaré qu’il appartenait à Abdoulaye Seck. Des bouteilles d’azote retrouvées dans la suite où séjournait Abdoulaye Seck au Terrou‐bi
Pour sa part, Abdoulaye Seck s’est défini comme un consultant politique en temps plein et garde rapprochée à ses heures per‐ dues. Il a indiqué avoir connu Mendy à l’âge de 17 ans, en

France, avant de le retrouver quelques années tard aux Maristes. Interpellé sur la nature de
leurs rapports, il a révélé qu’ils se fréquentaient depuis un certain temps mais entretiennent des re‐ lations normales.
En outre, il a prétendu lui avoir vendu le véhicule de marque « Buggy» à 22.500.000 Fcfa mais il resterait un reliquat de 20 millions de Fcfa. Questionné sur les activités professionnelles de Mendy, Abdoulaye Seck a affirmé qu’au début celui‐ci lui faisait croire qu’il était concessionnaire de véhicules ; mais quelques temps après, Mendy, il lui a avoué son statut de trafiquant de drogues.
D’après lui, Mendy menait cette activité illicite depuis cinq ans. Sommé de définir son degré d’implication dans le trafic du sieur Mendy, Abdoulaye Seck a soutenu énergiquement n’avoir jamais trempé dans le commerce illicite. Il prétend d’ailleurs que Mendy a essayé à plusieurs reprises de l’en‐ rôler mais sans succès.

Questionné sur ses séjours à l’hôtel «Terrou‐Bi», Abdoulaye Seck a affirmé qu’il lui arrive d’y séjourner pour plusieurs raisons mais qu’il venait de faire son check out au courant de mois de mai 2024. Interrogé dans un deuxième procès‐verbal, Abdoulaye Seck a déclaré qu’après l’arrestation de Sidy Diatta en février 2024 pour trafic de haschich, il a mis en relation Mendy avec quelqu’un pour tirer d’affaire le sieur Diatta grâce à ses connaissances

Interrogé sur les bouteilles de protoxyde d’azote trouvées par le service de sécurité de l’hôtel dans sa suite, il a réfuté la paternité de ces produits avant de pré‐ ciser qu’il n’est consommateur d’aucune drogue. Toutefois, il a admis que ces amis majoritaire‐ ment maliens qui le fréquen‐ taient à l’hôtel en consommaient.
A la suite d’une confrontation, Abdoulaye Seck est revenu sur ses déclarations en avouant que la voiture de marque «Buggy » lui appartenait. Hier, les mis en cause ont bénéfi‐ cié d’un deuxième retour de par‐ quet. Selon des sources autorisées, une information autorisées, une information judiciaire va être ouverte.

CMG