Après la reprise d’Omdourman et le renforcement de la présence de cette armée à Bahri, elle promet de reprendre Wad Madani, capitale de l’État d’Al-Jazeera. Parallèlement, une campagne de frappes aériennes vise les positions des Forces de soutien rapides (FSR) dans plusieurs autres États.
Au Soudan, c’est un fait plutôt rare depuis le début de la guerre en avril dernier : l’armée est en train de réaliser des avancées sur plusieurs fronts. Depuis le début de la semaine, des frappes aériennes pilonnent les positions des FSR au Darfour-Nord, comme la ville d’Al-Facher, visée à plusieurs reprises.
Cette situation est due à trois raisons majeures, analyse au micro d’Houda Ibrahim Roland Marchal, chercheur au CNRS. D’abord, le rôle décisif joué par les drones et les formateurs iraniens. L’Iran, selon le chercheur, a aussi aidé à la formation de l’armée soudanaise dans le domaine de l’infanterie.
La seconde raison, c’est le rôle de la force de résistance populaire et les civils qui ont intégré depuis quelques mois les rangs de l’armée. Ces forces qui ressemblent aux milices qui opéraient jadis au Darfour, ont été réformées et réactivées. Un mécanisme de formation des plus jeunes a été mis en place.
Denière explication, Wad Madani est tombé aux mains des FSR. Depuis, la population du Nord, qui était plutôt neutre, s’est retrouvée tout d’un coup menacée. À partir de ce moment-là, elle s’est beaucoup mobilisée dans l’effort militaire.
Les combats, qui font rage depuis le 15 avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir, ont fait des milliers de morts.
18 millions de Soudanais en insécurité alimentaire
Et après quasiment un an de guerre dans ce pays qui était déjà l’un des plus pauvres au monde, la famine plane. « À tout point de vue, l’ampleur des besoins humanitaires, le nombre de personnes déplacées et menacées par la faim, le Soudan est l’une des pires catastrophes humanitaires de mémoire récente », a lancé devant le Conseil de sécurité Edem Wosornu, au nom du chef du bureau des opérations humanitaires de l’ONU (OCHA) Martin Griffiths. « Une parodie humanitaire se joue au Soudan, derrière un voile d’inattention et d’inaction internationales. Pour le dire de façon simple, nous laissons tomber le peuple soudanais », a-t-elle dénoncé, décrivant le « désespoir » de la population.
Au total, près de 18 millions de Soudanais font face à une insécurité alimentaire grave (phase 3 et plus de l’échelle IPC de classification de l’insécurité alimentaire qui en compte 5), un chiffre record en période de récoltes et 10 millions de plus qu’à la même période l’an dernier. Et 730 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë.
Dans une note vue par l’AFP et envoyée au Conseil la semaine dernière, Martin Griffiths a prévenu que 5 millions de Soudanais « pourraient glisser dans une insécurité alimentaire catastrophique dans certaines parties du pays dans les prochains mois ».