BILAN DÉFINITIF DES DÉCÈS ISSUS DE LA RÉPRESSION DES MANIFESTATIONS ENTRE MARS 2021 ET FÉVRIER 2024

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65 morts recensés dont 51 tués par balles, selon le collectif Cartogra Free Senegal

Le collectif CartograFreeSenegal a publié un bilan définitif hier à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Cheikh Coly.

«Le 4 mars 2021, Cheikh Coly, élève de 20 ans à Bignona, tombait sous une balle en plein cœur lors de la répression des manifestations déclenchées par l’arrestation, la veille, d’Ousmane Sonko, alors oppo‐ sant. Il devenait ainsi la pre‐ mière victime de la séquence de répression politique la plus meurtrière qu’ait connue le Sé‐ négal depuis 60 ans. Au cours des trois années suivantes, des dizaines d’autres citoyens ont été tués par les Forces de défense et de sécurité (Fds), entre mars 2021 et février 2024 », souligne le collectif Cartogra‐ FreeSenegal, qui, à l’occasion du quatrième anniversaire de la mort de Cheikh Coly, a publié son bilan définitif des décès liés à la répression des manifesta‐ tions politiques sur la période.

«Créé au lendemain du soulèvement populaire de juin 2023, le collectif, réunissant une qua‐ rantaine de journalistes, cartographes et scientifiques des données, s’est attaché à établir un bilan précis des victimes recensées. Mais au‐delà du décompte, l’objectif a été d’empêcher une seconde mort aux défunts, en mettant en lumière leurs portraits: rappeler que derrière chaque statistique se cachent une vie arrachée, des proches affligés, des communautés endeuillées et un impérieux besoin de justice. Dans le feu de l’action, de nombreuses informations non vérifiées ont circulé sur les réseaux sociaux.

En réponse, nous avons établi un lien sûr et direct avec les familles des victimes afin d’authentifier chaque décès. Pour chaque cas, au moins un journaliste a été chargé de la documentation, examinant certificats d’autopsie, photos et vidéos, ainsi que témoignages des proches, des témoins oculaires et du personnel médical. Grâce à la mobilisation des membres du collectif, un maillage complet du terri‐ toire national a été réalisé pour recenser les victimes entre mars 2021 et février 2024, avec la collaboration d’Amnesty International pour les données antérieures à juin 2023 », rappellent les membres du collectif.

Selon eux, «es résultats obtenus illustrent l’ampleur de la violence exercée au cours de ces trois années : 65 morts ont été recensés, dont 51 tués par balles (soit 81% du total) ; les régions de Dakar et Ziguinchor ont payé un lourd tribut, avec respectivement 40 et 19 morts ; l’âge moyen des victimes est de 26 ans, la plus jeune ayant 14 ans et la plus âgée 53 ans ; près de la moitié des victimes étaient ouvriers ou mécaniciens, et un quart étaient élèves ou étudiants ».