Libération en sait plus sur l’opération dont la mise en œuvre a été décriée par la Cour des comptes. Les plus hautes autorités sont décidées à faire la lumière sur cette très floue affaire scellée sous le sceau du… «Secret».
Dans son rapport sur les Finances publiques, la Cour des comptes révèlait que le ministre chargé des Finances avait signé au mois de janvier 2022, au nom de l’Etat du Sénégal, avec In‐ ternational business (Ib) Bank T et International business (Ib) Bank B, une convention de crédit d’un montant de 91 942 400 000 FCfa. Selon la Cour, ce crédit était des‐ tiné à «l’acquisition de matériel par l’Etat du Sénégal sans préci‐ sion sur la nature dudit matériel ». Le montant du crédit, intérêts y compris, était de 105 052 249 080 Fcfa, remboursable au plus tard le 31 décembre 2026 suivant des échéances trimestrielles. D’après la convention de crédit, les fonds devaient être mobilisés dans un compte de l’Etat du Sénégal « Tg 024‐01030‐026631500101‐17 » ouvert dans les livres de Ib Bank T. Dans cette opération, l’Etat a payé diverses commissions d’un mon‐ tant de 919 424 000 Fcfa aux banques à travers le compte de dépôt «Cap gouvernement». Selon les informations de Libération, «l’acquisition de matériel par l’Etat» évoquée par la convention est encore relative, comme avec Adcon Ltd et Ad Trade de la famille Pertetz bénéficiaire de 121,61 milliards de Fcfa à la veille de la Présidentielle 20 mars, à l’achat d’armes.
Pour cette opération, la Cour a relevé «l’absence d’informations sur la nature et la destination du ma‐ tériel à acquérir», car tout simplement la convention a été scellée sous le sceau du «Secret» comme c’était le cas avec le contrat d’armement impliquant le ministère de l’Environnement. En dehors de cela, la Cour a épinglé la contractualisation d’une dette publique en dehors des procédures prévues par la réglementation ; le non‐versement du produit de l’emprunt dans les comptes du Trésor public ; mais aussi le remboursement par le Trésor du reliquat de l’emprunt d’un montant de 80 041 771 576 Fcfa non comptabilisé dans ses livres.
Pour la petite histoire, International business (Ib) Bank T et International business (Ib) Bank B sont contrôlées par l’homme d’affaires burkinabé Mahamadou Bounkoungou, par ailleurs patron du groupe Ebomaf. Ce dernier est connu comme étant proche de plusieurs Chefs d’Etat africains. Le plus curieux encore est que dans le cadre de l’émission d’obligation par Appel public à l’épargne (Ape) lancée par l’Etat du Sénégal en mars 2023 pour un montant de 200 milliards de Fcfa, Ib Bank T et International business (Ib) Bank B ont souscrit pour le
montant de leurs créances. Ce faisant, la créance initiale, «conclue dans des conditions non transparentes », selon les mots de la Cour des comptes, a été remboursée pour laisser place à une nouvelle créance régulière inscrite dans le portefeuille de la dette de l’Etat.
CMG