L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) vient de publier son rapport sur la situation économique et sociale du Sénégal (2022‐2023).
En 2023, indique l’Ansd, le Sénégal comptait au total 37 établissements péni‐ tentiaires répartis en quatre ca‐ tégories : 32 Maisons d’arrêt et de correction dont 1 pour femmes (Mac Rufisque) ; 2 Mai‐ sons d’arrêt (Maison d’arrêt de Rebeuss et Maison d’arrêt pour femmes de Liberté VI) ; 1 Mai‐ son de correction (Sébikotane) et 2 Camps pénaux (Liberté VI et Koutal).
Les Maisons d’arrêt reçoivent les condamnés à l’emprisonne‐ ment de simple police (1 jour à un mois), les inculpés (pendant l’instruction), les prévenus (pre‐ mière instance), les accusés (Chambre criminelle) et les per‐ sonnes soumises à la contrainte par corps.
Les Maisons d’arrêt et de cor‐ rection reçoivent des détenus provisoires (inculpés, prévenus et accusés) et des condamnés à une peine inférieure ou égale à un (01) an. La Maison de correction reçoit les condamnés à des peines correctionnelles inférieures à un (01) an. Les Camps pénaux reçoivent les condamnés à une peine ou plusieurs peines dont le restant ou le total à subir est supérieur à un (01) an, les condamnés à la réclusion criminelle à temps, à perpétuité et à la détention criminelle.
Par ailleurs, la région de Dakar se distingue nettement avec 8 établissements pénitentiaires, soit 21,6% des infrastructures carcérales du pays. Les régions de Diourbel, Fatick, Kaolack, Louga, Saint‐Louis, Thiès et Ziguinchor comptent chacune 3 établissements pénitentiaires alors que Kolda et Tambacounda en disposent 2 chacune. Les régions de Kaffrine, Kédougou, Matam et Sédhiou ont chacune 1 établissement pénitentiaire. Dakar, Diourbel, Fatick, Kaffrine Kaolack, Kédougou, Kolda, Louga, Matam, Saint‐Louis, Sédhiou, Tambacounda, Thiès et Ziguinchor. Le personnel des établisse‐ ments pénitentiaires, en 2023, a été dénombré à 2 290 dont 1 923 hommes (84,0 %) et 367 femmes (16,0%).
Plus de 87% d’entre eux sont des surveillants, 7,9% constituent des agents administratifs et 2,7% travaillent comme contrôleurs. Par ailleurs, les femmes sont moins représentées que les hommes dans toutes les catégories. La situation du personnel pénitentiaire est loin d’être satisfaisante en termes d’offre et de couverture. En effet, avec un ratio de 01 surveillant pour 11 détenus, la dotation en person‐ nel pénitentiaire est bien en deçà des normes des Nations unies, qui préconisent un ratio d’un (01) agent pour deux (02) détenus. Ce déficit du ratio entre le personnel pénitentiaire et les détenus est aussi noté dans la couverture (capacité d’accueil) des établissements par rapport à la population car‐ cérale. De ce fait, tous les éta‐ blissements pénitentiaires du pays sont surpeuplés car ayant des taux d’occupation large‐ ment supé rieurs à 100%.
En 2023, pour une capacité d’accueil réelle de 4 833 places, les prisons sénégalaises hébergent 12 910 détenus, soit un taux d’occupation de 267 détenus pour 100 places (267%). Cette situation est particulièrement marquée dans la région de Kédougou avec un taux d’occupation estimé à 501%. Les régions de Sédhiou (359%), de Saint‐Louis (366%), de Matam (305%) et de Dakar (303%) présentent également des taux d’occupation très élevés. Les seules régions ayant des taux d’occupation inférieurs à 200% sont Kaffrine (168%) et Ziguinchor (112%). «Il est nécessaire de construire de nouveaux établis‐ sements pénitentiaires afin de réduire considérablement ces taux d’occupation élevés », in‐ dique l’Ansd.
Un effectif de 12550 et 12910 en 2022 et 2023
D’après elle, l’effectif de la population carcérale s’élève respectivement à 12 550 et 12 910 détenus en 2022 et 2023. Concernant la répartition par sexe, la population carcérale est majoritairement composée d’hommes qui représentent en 2022 (97,5% ;12 239) et en 2023 (97,0% ;12 524). Entre ces deux années, l’effectif des hommes a connu une hausse impor‐ tante de 285 en valeur absolue et 2,3% en valeur relative. Chez les femmes, il a été relevé éga‐ lement une hausse des effectifs de 75 en valeur absolue et 24,1% en valeur relative.
En 2023, « le vol et le recel » (31,8%) et « la détention et l’usage de chanvre indien » (16,5%) représentent presque la moitié (48,3%) des cas d’infractions commises par les per‐ sonnes adultes écrouées au Sénégal. Ils sont ensuite suivis par les autres types d’infractions (11,3%), « l’escroquerie
l’abus de confiance et faux et usage de faux» (10,8%), les « coups et blessures volontaires » (6,9%) et la «participation à une manifestation non autorisée » (5,7%). Les autres infractions font chacune moins de 5%. Chez les mineurs écroués en 2023, les infractions les plus courantes constituent le « vol et recel » (59,8%), les « coups et blessures volontaires » (9,0%) et la « participation à une mani‐ festation non autorisée » (7,7%). Ces in fractions sont sui‐ vies par la « détention et l’usage de chanvre indien » (5,8%) et le « viol, l’attentat à la pudeur et la pédophile » (5,1%). 2022.
Chez les femmes écrouées, le «vol et recel » et les «coups et blessures volontaires» constituent les principaux motifs d’incarcération avec respectivement 24,4% et 21,1% des cas d’infractions, suivis de l’«escroquerie, l’abus de l’abus de confiance et faux, usage de faux » (13,5%) ensuite vient le «défaut de carnet sanitaire et social‐proxénétisme (11,7%). Le trafic de drogue représente 5,6% des cas d’infractions chez les femmes. Le « vol et recel » représente 26,0% des infractions commises par les étrangers écroués. Les « autres types d’infractions » viennent en deuxième position avec 18,4%. Le troisième rang est occupé par la «détention et l’usage de chanvre indien» avec 16,7%. L’ «escroquerie, l’abus de confiance et faux et usage de faux » constituent 8,6% des cas d’infractions commises par les étrangers.