Russie: dans la région de Koursk, la guerre renforce son emprise

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Une source haut placée au sein de l’état-major ukrainien a affirmé vendredi 22 novembre à l’AFP qu’elle occupe toujours du terrain dans la région russe de Koursk. Sur place, après la première frappe de Storm Shadow mercredi sur la petite ville de Marino, l’intensification du conflit génère parfois de la bravade, parfois une inquiétude sourde.
Sur le parvis de la gare de Koursk, la capitale de la région éponyme, une ambulance avec sur le pare-brise une pancarte avec le chiffre « 300 ». « 300 » pour « cargo 300 », l’expression russe pour qualifier les blessés sur le champ de bataille. Dans les rues, RFI en a vu passer une autre affichant la pancarte « cargo 200 » : il s’agit cette fois des morts au combat. Ce qu’il se passe ici pour le pouvoir n’a pourtant officiellement encore et toujours rien à voir avec une guerre, et ce, jusque dans le choix de la réaction sécuritaire à l’offensive de l’armée ukrainienne : toute la région vit depuis le mois d’août sous le régime dit « anti-terroriste », soit sous la responsabilité directe du FSB – le service de sécurité intérieure –, pas celle de l’armée.

Le conflit marque pourtant tout l’espace de son empreinte. Dans les rues de Koursk, certaines vitrines commencent à être décorées de sapins pour les fêtes de fin d’année, mais au-dessus d’un grand axe, une des guirlandes aux couleurs blanc, rouge, bleu du drapeau national clignote avec ce message « Koursk pour la victoire ». On peut aussi apercevoir parfois des sacs de sable devant et derrière des fenêtres, ainsi que de nombreux abris de protection pour les civils lors d’attaques aériennes, construits juste à côté des arrêts de bus. Dans les restaurants comme dans les rues, les uniformes kaki ne sont pas rares.

À la sortie de la ville, assez vite, la géolocalisation rencontre des pannes régulières, plus ou moins longues selon les portions de trajet : les brouilleurs sont à l’œuvre. On ne voit ni n’entend rien du fracas des combats au sol à plusieurs dizaines de kilomètres, mais le ciel est devenu pour tous une menace. Dans les champs, des batteries anti-missiles, dans les airs parfois des hélicoptères volant à basse altitude, et au milieu des barrages routiers consolidés par des chicanes, des dispositifs anti-drones statiques montés sur une tourelle en béton.