Un corps d’un migrant retrouvé samedi au large de l’enclave espagnole de Ceuta

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Le corps d’un migrant a été retrouvé samedi au large de l’enclave espagnole de Ceuta, et une personne est portée disparue. Ce même jour, dix exilés, dont sept mineurs, ont été secourus par les autorités espagnoles alors qu’ils tentaient d’atteindre l’Espagne à la nage depuis les plages maro‐ caines. Nouveau drame aux frontières européennes. Le corps d’un homme sans vie a été retrouvé aux premières heures samedi 1er mars à un kilomètre de Ceuta, a indiqué l’agence de presse EFE.

Une autre personne est portée disparue : elle a été perdue de vue après avoir heurté une grosse vague. Ce jour‐là, dix migrants, dont sept mineurs, ont été secourus par les autorités espagnoles. Ces hommes, en bonne santé, ont été transfé‐ rés dans les centres d’accueil de la ville. Ils avaient pris la mer depuis la ville marocaine de Tarajal, au sud de l’enclave. Les exilés ont profité des mauvaises conditions météorologiques en mer, avec pluie et fortes vagues, pour tenter d’entrer à Ceuta, pensant que les courants les entraîneraient vers la côte espagnole. Mais, même si la distance à parcourir à la nage entre Tarajal et Ceuta est courte, la traversée reste particulièrement dangereuse. Les exilés peuvent perdre la vie d’épuisement ou de froid. « C’était très difficile, il faut être un bon nageur pour y parve‐ nir (…) J’ai eu beaucoup de difficultés car la mer était très agitée et elle vous emporte vers les rochers. Personne ne peut com‐ prendre, sauf ceux qui ont déjà essayé», avait déclaré après sa tra‐ versée réussie Chaimae El Grini, une jeune Marocaine.

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Les vidéos de cette femme de 19 ans sont devenues virales sur le réseau social TikTok depuis son arrivée à Ceuta, en août 2024. Son post du 21 août, un carrousel de photos épinglées sur sa page, a at‐ teint plus de sept millions de vues. Chaimae El Grini, cheveux mouil‐ lés, y apparaît souriante, vêtue d’une combinaison de plongée rose et grise, pochette en plas‐ tique autour du cou pour protéger son téléphone de l’eau. Elle lève le pouce en l’air en signe de victoire. Puis, trois clichés de la jeune femme dans les rues espagnoles, mini jupe rouge, tee‐shirt vert, chapeau en paille.

Et toujours ce large sourire. La jeune migrante originaire de Matril, dans le nord du Maroc, documente frénétiquement son exil vers l’Europe. Plus récemment, le 9 février, elle a posté une vidéo d’elle à Paris, devant la Tour Eiffel. Les images ont cumulé plus de trois millions de vues. Chaimae El Grini, est accusée de rendre glamour les traversées vers l’enclave espagnole, et d’en‐ courager les Marocains à prendre la mer. Depuis son arrivée, «on ob‐ serve une féminisation de la migration vers Ceuta. De plus en plus de jeunes Marocaines, des mi‐ neures âgées de 16 ou 17 ans, prennent la mer pour atteindre l’enclave espagnole à la nage, à l’instar de leurs compatriotes masculins», expliquait à InfoMigrants en décembre Ali Zoubeidi, spécia‐ liste de l’immigration basé au Maroc et consultant auprès d’or‐ ganisations internationales.

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Les images de Chaimae El Grini «dénotent avec celles qu’on avait l’habitude de voir dans les Balkans : des personnes en situation irré‐ gulière, éreintées, parfois blessées, à bout de force. Chaimae El Grini, au contraire, mise tout sur son apparence et son look. Et elle est devenue un phénomène d’at‐ traction pour les jeunes filles. On veut suivre son idole», estimait‐il. Pour preuve selon le chercheur : «Des quartiers entiers se vident de leurs jeunes femmes». Chaque année, de nombreux migrants tentent de rejoindre Melilla et Ceuta, les deux seules frontières terrestres avec l’Union euro‐ péenne sur le sol africain. À l’instar des autres territoires espagnols qui ont connu une forte hausse des arrivées l’an dernier ‐ comme les Canaries ‐, Ceuta n’échappe pas à ce phénomène.

Sur l’ensemble de l’année 2024, plus de 6 600 migrants ont débarqué à Ceuta et Melilla, selon les chiffres du minis‐ tère espagnol de l’Intérieur. Soit une augmentation de 114% par rapport à 2023 quand un peu plus de 1 200 arrivées avaient été enregistrées. Du 1er janvier au 15 février 2025, on compte déjà 147 migrants débarqués dans les deux enclaves espagnoles. Et au moins huit per‐ sonnes ont péri au large de Ceuta et Melilla depuis le début de l’année. Les Marocains sont de plus en plus nombreux à grossir les rangs des migrants en Espagne, aux côtés des Subsahariens. Ces départs s’expliquent par un manque de perspective criant pour la jeunesse marocaine : un jeune de 15 à 24 ans sur quatre dans le pays ne se trouve ni sur le marché de l’emploi, ni en formation, ni ne suit une scolarité.