Au Sénégal, un plan national de relance de la Casamance a été annoncé par le Premier ministre et ancien maire de la capitale de la région, Ousmane Sonko, à l’issue d’une réunion interministérielle le 8 octobre 2024. Un programme qui veut encourager le retour des personnes encore déplacées dans cette région du sud du pays depuis les combats séparatistes des années 1990 et y relancer l’économie.
Au Sénégal, 53,6 milliards de francs CFA – environ 81,7 millions d’euros – doivent être décaissés : 23 milliards d’ici la fin de l’année et 31 en 2025. Une enveloppe qui doit servir à financer la construction d’infrastructures de base – comme des forages pour avoir accès à l’eau, des écoles et des voies d’accès – et le retour des services de l’État qui avaient quitté certaines zones, en raison de l’insécurité. Le tout pour encourager le retour de quelques 6 000 personnes dans leurs villages d’origine.
La majorité est rentrée, mais « 33 villages sont encore abandonnés » à cause des combats séparatistes qui ont eu lieu jusqu’au début des années 2000, dans la région, a affirmé le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a également annoncé investir 10 milliards de francs CFA dans le déminage de la Casamance. Il en reste en effet beaucoup encore dans les zones frontalières avec la Gambie, disséminées au plus fort des combats dans les années 1990.
« La Casamance a besoin d’une discrimination positive »
Des annonces par ailleurs très politiques, des législatives anticipées devant se tenir au Sénégal le 17 novembre : Ousmane Sonko a été maire de Ziguinchor, la principale ville de la Casamance, pendant près de 2 ans, jusqu’à ce qu’il devienne Premier ministre il y a 6 mois. Ce dernier a donc un lien particulier avec cette région dans laquelle il a grandi.
Il sait aussi que la crise politique, alors qu’il était dans l’opposition, a impacté l’économie de la Casamance : le ferry qui relie deux fois par semaine Dakar à Ziguinchor a notamment été fermé pendant près d’un an, suite aux manifestations de ses partisans à Dakar, étouffant l’économie de la région qui vend et exporte tout au départ de la capitale.
C’est une satisfaction donc du côté des opérateurs économiques et des acteurs de développement de la région. « Les besoins de base, comme les routes et l’accès à l’électricité, sont immenses. La Casamance a besoin d’une discrimination positive », explique Mor Fall, qui travaille pour l’ONG Grdr Migration-Citoyenneté-Développement à Ziguinchor. Condition sine qua non pour faire revenir les populations et les investisseurs économiques.