A la suite du gouvernement, Pape Malick Ndour et les responsables de l’Apr ont fait face à la presse. Libération reproduit in extenso leur déclaration préliminaire.
«La Cour des comptes a publié un rapport sur le soi‐disant audit des finances publiques entre 2019 et 2024. Le gouvernement a fait sa conférence de presse pour continuellement se défausser sur le régime précédent. Il s’agit désormais d’un disque rayé, tellement les complaintes et les tentatives de justification de la chronique d’un échec annoncé se multiplient depuis le 2 avril 2024. A la lecture du rapport, plusieurs observations s’imposent au sujet de cette nouvelle machination politicienne dont la seule volonté est la négation du Sénégal. Après avoir promu l’insurrection dans l’opposition, provoqué la mort de dizaines de jeunes et sapé les fondements de l’unité nationale, Ousmane Sonko pose un nouvel acte dans son agenda de destruction du Sénégal.
Dans l’entreprise de vassalisation des institutions, c’est au tour de la Cour des comptes. Elle a reçu un rapport et on a exigé d’elle un quitus de validation.
«Le gouvernement avoue qu’il va échouer mais qu’il va faire porter la responsabilité de son échec à d’autres »
A travers cette nouvelle cabale, le gouvernement avoue qu’il va échouer mais qu’il va faire porter la responsabilité de son échec à d’autres. Il appelle les Sénégalais à n’attendre aucun changement positif, pendant que les membres du régime, au sommet de l’Etat, continuent à vivre aux frais de la princesse. Ousmane Sonko est un parti‐ san de la fuite en avant. Il a tou‐ jours trouvé des prétextes fallacieux pour ne jamais faire face à ses responsabilités. Les promesses de rupture et de transformation systémique ayant fondu comme neige au soleil, lui et son Président délégué cherchent par la manipula‐ tion à se défausser sur les fonctionnaires de l’État, républicains et patriotes, qui servent notre pays avec compétence et dévouement.
L’administration, que Ousmane Sonko a toujours méprisée, en la traitant de «système » est la vraie cible de cette grossière machination, alors que les fonctionnaires, qui n’ont aucune coloration politique, sont exclusivement dévoués au service de l’Etat.
Ce rapport de la Cour des comptes, dont la méthodologie et certains contenus brillent par leur caractère douteux et ban‐ cal, n’est en fin de compte que la revendication d’un attentat contre le Sénégal et les Sénéga‐ lais perpétré par Ousmane Sonko.
«L’Apr s’inscrit totalement en faux contre les accusations grossières d’un enfant gâté »
L’Apr s’inscrit totalement en faux contre les accusations grossières d’un enfant gâté, qui pense que l’exercice de l’Etat relève de l’accusation permanente, du bavardage sans fin et de l’incompétence érigée en vertu. Si la position dans l’opposition impose la responsabilité de faire face à ce régime, la di‐ gnité de républicains exhorte à ne jamais contribuer de quelque manière que ce soit au discrédit des institutions et à la destruction de la réputation du Sénégal.
Il est seulement regrettable que certains fonctionnaires de l’Etat, en particulier d’une pres‐ tigieuse institution, aient cédé à l’injonction faite par le Premier ministre, de trahir leur pays pour satisfaire son égo et justifier son inaction et son échec. Vous trouverez dans lignes qui suivent des commentaires sur les points saillants du document de la Cour des comptes, en vue de montrer à l’opinion nationale et internationale l’étendue de la supercherie et le caractère enfantin de ce régime qui, après s’être opposé dans le mensonge veut gouverner dans le mensonge, la manipulation et la fuite en avant.
«Respect du principe du contradictoire »
Le rapport produit par les services de l’Igf et la certification n’ont pas respecté le principe du contradictoire. Aucun ancien ministre des Finances n’a été soumis à cet exercice, ce qui aurait pourtant permis d’apporter des éléments de réponse à cer‐ taines interpellations.Conformément à l’ordonnance 32/2024/CC/CABF/G en date du 30 septembre, la composition de la mission a été fixée, mais celle‐ci curieusement a été modifiée un mois plus tard par une nouvelle ordonnance.
Pourquoi cette modification ? Quelqu’un a‐t‐il été remplacé ?
La composition des membres de la mission a‐t‐elle été modifiée, et si oui, pour quelle raison ? La Cour a le devoir, au regard de l’impé‐ ratif de transparence, de don‐ ner les motivations de cette révision.
« Absence de mention de dé‐ tournement ou de sanctions »
Le rapport ne mentionne, dans ses recommandations, aucun cas de détournement, d’ouver‐ ture d’information judiciaire, de traduction devant la chambre de discipline financière, ou même de remboursement. Maintenant, il importe de comprendre et de savoir par quelle alchimie, le ministre de la justice est arrivé à définir des catégo‐ ries d’infractions et des personnes qui devront répondre devant les juridictions compétentes en l’occurrence, la Haute cour de Justice et le parquet financier.
«La Cour des comptes avait certifié les rapports précé‐ dents »
La Cour des comptes, toutes chambres réunies, avait validé les comptes de l’Etat à travers la certification des lois de règlement. Aujourd’hui, seule la Chambre des affaires budgé‐ taires et financières, remet en cause le travail conjoint de toutes les autres.Rappelons qu’en matière de reddition des comptes, la loi de règlement constitue le principal outil de contrôle du Parlement sur l’exécution des lois de finances initiales et rectificatives adop‐ tées par l’Assemblée nationale. Toutes les lois de règlement des années 2019 à 2021 ont été votées par le Parlement après certification de la Cour des comptes, donnant quitus au gouvernement, tandis que celles de 2022 et 2023, elles aussi certifiées par la Cour, ont été transmises au Parlement.
«La dette extérieure »
L’analyse de la dette extérieure contenue dans le rapport n’apporte pas d’éléments nouveaux, d’autant plus que le dernier rapport sur la dette réalisé par la Cour des comptes (mystérieusement disparu de la barre de téléchargement du site de la Cour) avait déjà men‐ tionné des écarts. Ces écarts avaient été attribués par la Cour à des dysfonctionne‐ ments dans les comptabilités de la Direction de la dette pu‐ blique, de la Dodp et du Tréso‐ rier général.
«Absence de réserves sur les recettes, les dépenses et les comptes spéciaux du Trésor»
Le rapport élaboré et adopté par la Chambre des affaires budgétaires et financières de la Cour des comptes n’a émis au‐ cune réserve majeure concernant les recettes et les dépenses du budget général, qui sont identiques à celles figu‐ rant dans les différentes lois de finances et naturellement donc du rapport du gouvernement. Il en va de même pour les comptes spéciaux du Trésor. Cette situation s’explique par le fait que les recettes, les dépenses et les mouvements des comptes spéciaux ont été comparés aux chiffres contenus dans les lois de règlement des différentes années concernées, déjà certifiées par la Cour des comptes.
«Incohérence dans la compa‐ raison des chiffres relatifs aux prêts projets »
Curieusement, ce principe de comparaison avec la loi de règlement, pourtant conforme à la méthodologie énoncée par la Cour, n’a pas été appliqué lors de l’analyse d’une partie de la dette extérieure. Les prêts‐projets ont été comparés non pas aux chiffres des lois de règlement, mais à ceux des lois de finances initiales, en omettant même les lois de finances rectificatives. Cette approche est pour le moins surprenante même si des écarts mineurs ont été décelés et imputé par la Cour des comptes par l’absence de système intégré de la gestion de la dette extérieure entre la direction de l’ordonnancement et la direction de la dette publique.
«Comptabilisation des tirages sur les prêts‐projets sur la loi de finance»
Annuellement, les tirages effectués sur les prêts‐projets sont comptabilisés en dépenses en capital sur ressources externes. Il arrive qu’une partie de ces tirages fasse l’objet de report dans la comptabilisation, ce qui est sans impact sur la dette. C’est cette méthodologie a toujours été utilisée. Le gouvernement a procédé rétroactivement, sur la période 2019‐2023, à la comptabilisation dans l’année concernée de l’ensemble des tirages des emprunts‐projets pour déterminer un nouveau déficit bud‐ gétaire qui n’en est pas un. A l’épreuve de cette doctrine du gouvernement, on se rendra compte de ses limites d’autant plus que comptabiliser un montant comme investissement non encore exécuté n’est pas orthodoxe.
«Intégration du financement intérieur privé dans le calcul de la dette publique»
En l’absence de griefs pertinents sur les chiffres de la dette publique, le nouveau gouvernement a cherché à y intégrer le financement intérieur privé et ses mécanismes de facilitation, qui ne sont en réalité que des instruments de gestion de la trésorerie de l’Etat et non des dettes pu‐ bliques. Pour rappel, la dette publique est constituée de deux composantes : la dette intérieure, consistant en l’émis‐ sion de titres publics (bons du Trésor et obligations) au sein des marchés financiers régionaux, et la dette extérieure, consistant en des prêts contractés auprès d’organismes bilatéraux et multilatéraux ainsi que des prêts aux conditions du marché (levée de fonds sur les marchés financiers internationaux, etc.). C’est pourquoi il n’a jamais été question d’y intégrer des facili‐ tés financières assimilables à des avances ou des découverts bancaires obtenues des banques locales pour l’exécu‐ tion de projets et programmes, car elles ne constituent pas des émissions de titres publics.
Mise en page 1
Dans ce cadre, il serait utile que le nouveau gouvernement nous informe sur son méca‐ nisme actuel de gestion de sa trésorerie, notamment face à des impératifs comme lors des élections législatives de no‐ vembre 2024 et les inondations dans le Nord et l’Est du pays.
«Sur les immeubles de l’Etat qui auraient été vendu »
Comme rappelé dans le dernier paragraphe de la page 34 du rapport, ces biens ont été vendus à la Sogepa. La Cour elle‐ même n’émet aucun grief sur la vente puisque d’une part la Sogepa est une société nationale détenue exclusivement par l’État et d’autre part l’article 4 de la loi n°2022‐36 du 22 novembre 2022 permet le transfert par l’Etat à la Sogepa, par cession ou à titre gratuit ou onéreux ou par tout autre mode, des droits et immeubles nécessaires à la réalisation de son objet social.
«Qualité du rapport du nouveau gouvernement »
Le rapport, objet des constatations par la Cour des comptes, a été produit par les services du ministère des Finances de l’actuel régime. Certains chiffres produits ne sont même pas conformes à ceux produits par l’ancien régime et contenus dans les différentes lois de règlement. Si la Cour des comptes y décèle des incohérences, il y a lieu de s’interroger sur la qualité du rapport du nouveau gouvernement.
Parmi les incohérences notées par la Cour des comptes dans le rapport du nouveau gouvernement, on peut citer : l’encours de la dette de l’administration centrale (page 26). La Cour des comptes ne fait aucune mention d’incohérence sur les chiffres contenus dans les lois de règlement concernant la dette de l’administration centrale. Au contraire, sur cet aspect, la Cour corrige plutôt les erreurs contenues dans le rapport du ministère des finances, qui n’a pas pris en compte un montant de 81,29 milliards, contrairement à la loi de règlement ; disponibilités bancaires de l’Etat (page 26) : il en est de même pour les disponibilités bancaires de l’Etat, qui ont été sous‐évaluées à 173,6 mil‐ liards, un montant largement inférieur aux chiffres du Trésor et ceux des banques, qui positionnent le montant à 263,9 milliards ; dette garantie (page 36) : il en est de même pour la situation de la dette garantie, où une meilleure coordination entre les services de l’Igf et ceux du ministère de l’Economie et des Finances pourrait aider le nou‐ veau gouvernement à être plus exhaustif dans son rapport, qui fait état d’un mon‐ tant de 535 milliards contre 2,265 milliards comptabilisés par les services et validés par la Cour des comptes ; engagements de l’Etat vis‐à‐vis du secteur bancaire (Page 37‐38) : pour les engagements de l’Etat vis‐à‐vis du secteur bancaire, la Cour nous informe qu’à fin décembre 2023, un montant de 2 219,79 milliards a été enregistré partant des déclarations des services du ministère des finances et ceux de l’Économie. Ce montant contraste bien avec le chiffre de 619,8 milliards contenu dans le rapport et dont les tenants actuels gagneraient à nous dire d’où est ce qu’il tient ce chiffre.
«Ce comportement irres‐ ponsable du nouveau régime va coûter très cher au Sénégal en réputation et en coût d’emprunt ! »
En définitive, ce comporte‐ ment irresponsable du nouveau régime va coûter très cher au Sénégal en réputation et en coût d’emprunt ! L’échec du gouvernement actuel du fait de son incompétence face à ses obligations élémentaires: paiement des salaires et pensions, du service de la dette, des bourses d’étudiants, des subventions sociales etc… qui veut depuis bientôt un an tout mettre sur le dos de ses devanciers est tout simplement pathétique! Ku meunul bahul lu yakku yowa! ».