Lors d’une visite de Georgia Meloni à Tunis, au mois d’avril, Rome et Tunis s’étaient déjà engagés à miser sur les «retours volontaires » pour lutter contre cette immigration irrégulière en « impliquant les organisations internationales». Les migrants rapatriés béné‐ ficient du «programme d’assistance au retour volontaire et à la réintégration» de l’OIM, ce qui signifie une prise en charge du billet retour ainsi qu’une aide à la réintégration dans leur pays. Pour Romdhane Ben Amor, porte‐parole du FTDES, l’Union européenne a sa part de responsabilité dans ces retours. «L’UE a donné tous les moyens financiers, logis‐ tiques et techniques» à la Tunisie pour mettre en place cette politique «anti‐mi‐ grants», affirme‐t‐il. Ce que vise Rom‐ dhane ben Amor, c’est l’accord UE‐Tunisie, signé le 14 juillet 2023. Centré sur la lutte contre l’immigration irrégulière, cet accord de 127 millions d’euros, sert aussi à soutenir le pays qui connaît de graves difficultés économiques.
Migrants (fin)
En contrepartie, Tunis doit empêcher les départs de bateaux de migrants vers l’Europe, lutter contre les passeurs et assurer le retour des Tunisiens en situation irrégulière dans l’UE, ainsi que celui des migrants d’Afrique subsaharienne depuis la Tunisie vers leurs États d’origine. Mais cet accord et les opérations anti‐migrants qui ont suivi ont eu un double effet : si elles poussent de plus en plus de migrants, exténués par cette politique raciste, à rebrousser chemin et à rentrer chez eux, elles inci‐ tent aussi de nombreux migrants à tenter la traversée de la Méditerranée au plus vite, quelles que soient les conditions de sécurité. Les départs depuis les côtes de Sfax ont enregistré une augmentation record durant les premiers mois de l’année 2024, avec plus de 21 000 personnes ayant quitté clandestinement le pays par ses frontières mari‐ times, a indiqué la Garde nationale tunisienne. Des départs qui s’effectuent dans des conditions plus que pré‐ caires : les exilés utilisent des canots en métal, inaptes aux traversées. Ils accusent aussi les forces tunisiennes de ma‐ nœuvrer dangereusement près des embarcations, provoquant des vagues et des naufrages. Certains accusent aussi la Marine tunisienne de voler les moteurs de leurs canots. En 2023, plus de 157 000 personnes, venues de Tunisie principalement, ont débarqué en Italie, contre 105 000 en 2022, selon les chiffres de l’Intérieur italien. Cette même année, plus de 1 300 migrants – subsahariens mais aussi tunisiens ‐ sont morts en mer près des côtes tuni‐
Migrants : Depuis plusieurs mois, le gouvernement tunisien espérait ces départs en masse.
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