En 2018 et suite aux informations exclusives de «La Gazette », Libération revenait en détail sur les éléments intrigants d’un rapport la Cellule nationale de traitement des informations financières mettant en cause Mdl. Nous reproduisons l’article en question.
de la déclaration de soupçon concernent deux chèques remis à l’encaissement aux gui‐ chets d’une banque par un ancien conseiller spécial de Wade portant sur les sommes de cent millions (100.000.000) de Fcfa et de cent vingt‐cinq millions (125.000.000) de Fcfa tirés res‐ pectivement sur la Société gé‐ nérale de banque du Sénégal (Sgbs) et la Compagnie ban‐ caire de l’Afrique de l’Ouest (Cbao).
Il est ressorti par la suite de l’analyse des relevés bancaires du conseiller spécial que celui‐ ci a reçu d’importantes sommes d’argent par le biais notamment, de transferts de fonds internationaux et de re‐ mises de chèques.
En effet le 24/05/2005, il a béné‐ ficié de quatre chèques de banque tirés sur la Sgbs d’un montant global de un milliard de Fcfa émis par Sabodala mi‐ ning company sous la signature du nommé Cheikh Faye, gérant de ladite société.
Il a également bénéficié de trois chèques de la Cbao de 160 200 000 Fcfa (versés dans le compte de la Sgbs), 25 000 000 et 125 000 000 (versés dans le compte ouvert à la Bst) émis par la société Minéral deposits limited Sénégal Sarl (Mdl) et si‐ gnée toujours par Cheikh Faye procura taire sur le compte de ladite société. Il a enfin bénéficié de deux transferts par Swift de l’ordre de 324 821 497 Fcfa émis par Energem treasary Ltd par le billet d’une banque suisse (Banque Hoffman Ag Zurich Ch).
Il ressort des documents verses au dossier que Mdl Sénégal est une filiale de Mdl, société de droit australien qui en détient la totalité des parts sociales. A l’époque, la société était gérée par Jeffrey Wayne Williams qui a donné procuration à Cheikh Faye sur le compte de la so‐ ciété. A ce titre tous les chèques émis sur le compte bancaire de Mdl Sarl en faveur du conseil spécial, ont été si‐ gnés par Cheikh Faye, qui, par ailleurs, est le gérant de la Sabodala Mining Company Sarl. Sabodala Mining Company Sarl a été créée (acte notarié du 17/11/2004) par Nimbus Gold Li‐ mited (société de droit austra‐ lien) qui en détenait la totalité des parts sociales).
Le 14/01/2005, elle a cédé ses parts à Ausin Sand Limited (société de droit Mauricien) représenté par John Stuart Drummond qui est le secrétaire général de Mineral Deposit Li‐ mited (Australie).
Ce qui précède révèle que ces différentes entités appartien‐ nent à un même groupe de sociétés dont la maison mère est elon le rapport de la Centif obtenue par Libération, les opérations à l’origine Mineral Deposit Limited. Par le billet de participations croisées Sabodala Mining Company ap‐ partient au groupe Mineral De‐ posit Limite
De février 2004 à juin 2005, les différentes sociétés à savoir Mineral Deposit Limited Mdl Sénégal et Sabodala Mining Company Sarl Senegal ont initié des virements de sommes très Importantes, dont le montant global se chiffre à 1. 557. 873.954 Fcfa, en faveur de l’ancien conseiller spécial.
Ces différents chèques ont été signés par la seule et même personne en l’occurrence Cheikh Faye pour le compte des sociétés Sabodala mining company (Smcs) et Mineral de‐ posit limited sarl (Mdl) dont il est respectivement gérant et procurataire.
Ces deux sociétés ont la même adresse à Thiès et les actes de constitution laissent apparaître qu’elles appartiennent aux mêmes personnes.
Aucune relation d’affaire pou‐ vant justifier ces différents vire‐ ments n’a été relevée. En effet, les Investigations menées par la Centif n’ont pas permis de mettre en évidence des liens ju‐ ridiques et économiques entre l’ancien proche de Wade et les différentes sociétés impliquées dans les mouvements de fonds initiés. Il n’existe entre lui et les différentes entités qui lui font parvenir des fonds aucun contrat de cession de droits ou de services. Il n’est également actionnaire dans aucunes des sociétés émettrices de chèques.
La justification donnée par lui quant aux transferts de fonds, qui représenteraient une partie des paiements des frais de consultation et le rachat de 30% d’actions détenues par des na‐ tionaux dans le capital de la Sa‐ bodala mining Company Sénégal Sarl, ne saurait prospé‐ rer puisque des actes notariés établis le 17/08/2005 et versés au dossier, il résulte que Smcs Sarl est une société uniperson‐ nelle créée par la société Nim‐ bus gold limited (société de droit australien) qui a cédé la totalité de ses parts à la société Ausind Sand limited (société de droit mauricien).
Les deux transferts de fonds par Swift d’un montant global de 323 821 497 Fcfa au profit du conseil spécial en provenance du territoire offshore de Guer‐ nesey, réputé être un paradis fiscal ou le secret bancaire est très renforcée, font peser des doutes sur le caractère licite de l’origine des fonds d’autant plus que le nom du donneur d’ordre effectif n’a pas été mentionné. Par la suite le conseiller spécial a effectué les opérations suivantes sur les différents comptes : quatre retraits espèces d’un montant global de cinq cents trente‐six millions de Fcfa (536.000.000) Cfa par lui‐même ; deux chèques à l’ordre de Monsieur Moustapha Sèye de vingt‐cinq millions de Fcfa (25.000.000) chacun ; deux retraits en es‐ pèces de cent cinquante milions Cfa (150.000.000) au bénéfice de Ibrahima Mend et de Makha Ndiaye ; deux transferts émis à l’ordre de l’international Armori de cinquante ; un chèque de cent millions de Francs Fcfa (lui‐même) à l’ordre du secrétariat général de la présidence de la République… Toutefois, aucun élément du dossier ne permet de justifier les opérations financières. Il existe un flou total sur les rela‐ tions entre l’ancien conseiller spécial et les différents bénéficiaires de l’argent.
Pour la Centif, il ne fait aucun doute que ces fonds étaient des rétro commissions. Comment Mdl et Sabodala peuvent‐ ils continuer à exploiter l’or du Sénégal‐ et le Zircon malgré ces faits extrêmement graves qui relèvent de la haute délinquance financière ? Il est temps que ce rapport que Wade a étouffé par tous les moyens, vu l’implication directe de la Présidence, fasse enfin l’objet d’une enquête impartiale même si l’un des concernés n’est plus de ce monde.
En effet, un mois après le versement de ces sommes, Me Wade signait le décret n° 2005‐ 520 du 9 juin 2005 accordant un permis d’exploitation pour or, argent et substances connexe à Mdl pour le périmètre de Sabodala.