Le sport est un terrain de jeu formidable pour faire évoluer la langue française. En Afrique, le français s’enrichit de nouvelles expressions et de termes issus des langues locales. À l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, ce mercredi 20 mars, florilège de certaines expressions utilisées dans le foot africain.
La chanson « Coup du marteau » de l’artiste ivoirien Tam Sir est devenu l’hymne officieux de la dernière Coupe d’Afrique des nations. Mais le « coup du marteau » est aussi une expression : pour les amateurs de football ivoiriens, elle désigne l’art de renverser un match plutôt mal embarqué. Pour célébrer leurs buts, les joueurs congolais ont dansé le « fimbu ». Le terme qui signifie « chicote » en lingala est aujourd’hui synonyme de battre sèchement un adversaire.
Thierno Diallo est commentateur de match de foot pour la télévision sénégalaise. Il utilise le français et le wolof dans ses directs. La traduction d’expressions littérales en wolof lui permet d’enrichir le français. « On sort maintenant du cadre classique du commentaire, donc ils font des expressions d’humour, il y en a qui taquinent à l’intérieur. Par exemple, pour dire un but, il y en a qui utilise une expression en wolof qui se traduit par : « Il a brûlé les filets » ou « il a fait trembler les filets » », indique-t-il au micro de Kaourou Magassa.
Chaque pays enrichit le français avec ses mots. Au Mali, par exemple, pour mettre fin à une dispute, on demande aux personnes concernées de « mettre la balle à terre ». Et lorsqu’elles sont quitte, c’est « zéro-zéro », une expression qui découle du bambara.
Préserver la langue française
Karim Baldé est journaliste sportif. Durant la dernière Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire, il a commenté plusieurs matchs de foot. Il s’efforce de préserver la langue française dans son travail, notamment pour faciliter la compréhension de ses auditeurs à majorité francophone.
« En radio, on est vraiment les yeux des auditeurs qui, eux, par définition, ne voient pas le match. On est obligés de faire comprendre ce qu’il se passe, et c’est là que le choix des mots est encore plus important. Pour moi, si on veut protéger la langue française, d’une manière générale, il faut éviter au maximum les anglicismes. Bien évidemment, c’est très difficile. L’exemple du « corner » est intéressant, puisque c’est un terme anglais, mais je me souviens de Jean-Michel Larqué [commentateur de sport français, NDLR] qui utilisait le terme de « coup de pied de coin ». Alors, ça faisait sourire, mais lorsqu’il y a des alternatives, autant les utiliser », abonde-t-il.