DEUXIÈME USINE DE DESSALEMENT DE L’EAU DE MER SUR LA GRANDE CÔTE : Acwa power, un contrat en or entaché d’irrégularités

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Acwa power devra attendre pour la construction et l’exploitation d’une deuxième usine de dessalement de l’eau de mer sur la Grande côte. La procédure ayant conduit à la signature de ce contrat, le 27 mars, bat tous les records.

Selon nos informations, le Président Bassirou Diomaye Faye a ordonné le gel du contrat de partenariat public privé (ppp) signé entre l’Etat et la société saoudienne Acwa power pour la construction d’une deuxième usine de dessa‐ lement de l’eau de mer sur la Grande côte. Acwa power s’est engagée à construire l’usine pour 459 mil‐ liards de Fcfa. Elle devrait l’ex‐ ploiter sur 30 ans avant de le céder à l’Etat. Mais en contre‐ partie de quoi ?
On savait déjà que ce contrat avait été signé en pleine transition, le 29 mars 2024, d’où plu‐ sieurs suspicions. Si les nouvelles autorités privilégient le renforcement des systèmes de transfert d’eau à l’option de dessalement, il n’en demeure pas aussi que, contrairement, à légende, ce contrat comporte des clauses financières pour le moins scandaleuses.
Dans cette affaire, tout est allé en mode fast‐track. En effet, le conseil d’administration de la Sones a adopté le contrat le 20 mars dans des conditions inouïes. Ce, sans la tenue d’un pré‐conseil comme l’a souligné le représentant du contrôle fi‐ nancier, Sadio Traoré Diop, en
précisant que le ministère de l’Hydraulique a eu à rejeter des conclusions d’une conseil d’administration à cause de la non tenue d’un pré‐conseil. Selon le pv, Ramatoulaye Dieng Ndiaye,
représentant du ministère de l’Intérieur, a relevé le délai court
entre la convocation qui leur a été transmise le 18 mars et la tenue du Conseil d’administra‐ tion ; et, qui plus, à la veille de la d’une élection présidentielle.
«Selon Mme Ndiaye, demain, on pourra reprocher aux administrateurs de s’empresser d’exa‐ miner et voter en deux jours un projet si important. Elle estime que ces décisions vont engager
le Sénégal pendant des années », rapporte le pv. Elle s’est montrée catégorique : « Tous les
contrats signés à la veille d’une élection présidentielle sont sus‐ pects. Le conseil d’administra‐ tion ne peut pas autoriser le Dg de la Sones à signer ce contrat ». Mafall Fall, représentant de la Primature, a relevé sept insuffisances : la violation des délais de convocation de quinze jours, dé‐ lais légaux et statuaires ; l’ab‐ sence de pré‐conseil ; la variation dans le libellé de l’ordre du jour entre la version en‐ voyée par WhatsApp et celle sur le papier ; l’absence des annexes 6 et 7 évoqués dans le projet de contrat ; mais aussi la variation des cahiers de charges, avec le courrier envoyé le même jour indiquant ne pas considérer le premier envoi. «D’après M.Fall, pour les ppp usagers, on peut régulariser avec les Finances ; or, à paiement public, l’avis du ministère des Finances et du Bud‐ get est fondamental car portant sur la soutenabilité du projet.

Les documents y afférents devraient être disponibles à temps soit 15 jours avant la tenue de session du Conseil d’administration. Il s’agit d’un exercice sérieux. Les corps de contrôle (Ige et Cour des comptes) vont convoquer tous ceux qui sont intervenus dans ce dossier. Il est mentionné dans la note conceptuelle que la Sones a sollicité l’avis de la Direction centrale des marchés publics ; puis on ajoute que l’avis est attendu. Il s’agit en réalité de deux avis. La seconde demande d’avis n’a pas encore de réponse », a dit M.Fall avant d’asséner : «Qu’est ce qui se ca‐ cherait derrière toute cette pré‐ cipitation ? ».
Qui plus, dans l’avis de soutena‐ bilité budgétaire, les évaluations faites révèlent qu’en réalité le projet va coûter 1367 milliards de Fcfa en intégrant le coût de la location (subvention) du site et l’exonération du matériel sur 30 ans. L’impact budgétaire cumulé est 576 milliards de Fcfa sans la subvention d’investissement ; contre 498 milliards de Fcfa en cas de subvention d’investisse‐ ment, soit un coût de 45 milliards de Fcfa par an au budget de l’Etat sur 30 ans. «Au regard de l’impact sur les finances publiques, il y’a lieu d’avancer avec
beaucoup de précaution », a‐t‐il alerté. Pire dans une note il est indiqué qu’Acwa Power va ven‐ dre le m3 d’eau à 486 Fcfa alors que le prix actuel est de 149,5
Fcfa.
L’Etat s’était engagé à verser à Acwa power une subvention d’environ 20 milliards Fcfa par an à partir de 2027 puis 40 milliards Fcfa par an à partir de 2030 pour supporter la différentielle.
Malgré toutes ces réticences, et comme mentionné dans le pv, le ministre de l’Hydraulique a appelé, en plein conseil, le directeur général de la Sones et le Pca sont sortis de la salle. Ce, pour leur ré‐ clamer le pv du conseil d’administration à 18 heures‐19 heures 30 maximum. «Que chacun assume demain ce qu’il a fait, qu’il
soit ministre ou administrateur», a lancé Mafall Fall exigeant que
tout soit écrit sur le pv. Curieusement, l’avis de la Dcmp est tombé en pleine réunion avec des réserves sur la procédure. N’empêche, le conseil d’administration avec 8 voix pour sur 10 et 2 abstentions a donné le feu vert pour approu‐ ver le contrat en y incluant les… réserves de la Dcmp.