L’Alliance pour la transparence des élections (Atel) a dénoncé hier ce qu’elle a qualifié de
«terreur judiciaire » avant de mettre en garde contre un «putsch électoral ».
«Animée de la bonne volonté de favoriser un esprit de concertation et de consensus, l’Atel avait accepté de participer à la rencontre initiée par la société civile le samedi 28 septembre 2024 sous la présidence du ministre de l’Intérieur. Cette rencontre a abouti à un consensus sur un allongement du délai de dépôt des listes de candidats. Mais le pouvoir Pastef a décidé, de façon unilatérale, de rejeter le consensus des partis politiques, de la société civile et des organes de régulation », informe l’Atel.
« Immédiatement après la fin du dépôt des listes, le pouvoir Pastef est monté d’un cran dans sa volonté de fausser l’équité électorale à travers des attaques systématiques contre la liberté d’expression des opposants et, notamment, de candidats investis par l’opposition. Apparemment surpris et déçu par la capacité de l’opposition à s’organiser efficacement en dépit des délais étriqués, Pastef multiplie depuis 48 heures les agressions contre la liberté des opposants, des candidats de l’opposition et des journalistes critiques », a fustigé l’Atel qui indique :
«Mme Diégui Diop, responsable de la liste Takku Wallu Senegaal, a été déclarée fugitive et recherchée par la police criminelle, ce qui aurait pu conduire à des dérapages préjudiciables. Elle a pu apporter la preuve du caractère diffamatoire de cette accusation. Depuis lors, le pouvoir peine à formuler clairement les reproches qui lui seraient faits. M. Bougane Guèye, un des fondateurs de Atel et de la liste Samm Sa Kaddu, est également entendu par la police.
Tout indique qu’on voudrait le sanctionner pour les critiques qu’il a faites concernant la récente conférence de presse du Premier ministre. Le pouvoir a publié un communiqué menaçant de poursuites judiciaires la direction du parti Pit, une composante de la coalition Jamm ak Jariñ, après des critiques concernant la volonté évidente du pouvoir Pastef de remettre en cause les droits acquis des fonctionnaires, au nom de la baisse des dépenses publiques, et particulièrement de la masse salariale. Des journalistes, parmi lesquels M. Cheikh Yérim Seck, sont arrêtés et placés en garde à vue après des propos tenus dans les médias ».
D’après l’Atel, «ces attaques ciblées ne relèvent pas du hasard. Elles s’insèrent dans une
stratégie de la terreur judiciaire dont l’objectif n’est autre que d’empêcher la participation normale et sereine de l’opposition au débat électoral. Tout ceci confirme le bien‐fondé du combat de Atel pour une gestion concertée et consensuelle du processus électoral et pour le respect des libertés individuelles et collectives ».
Aussi, l’Atel «appelle le peuple sénégalais à se mobiliser, dans l’unité, contre ces manœuvres éhontées visant à fausser l’expression de la volonté du peuple sénégalais dans des élections législatives libres et transparentes ». Elle demande aussi à «tous les acteurs de la famille judiciaire à refuser de ser‐ vir de bras armé à ce piétinement systématique des garanties offertes par notre Constitution et nos lois ». L’Atel de conclure : «Dans les pro‐ chaines heures, une conférence de presse et un appel à une manifestation pacifique seront annoncés comme jalons de la résistance démocratique contre le projet de putsch électoral du pouvoir Pastef ».