Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est entretenu vendredi 15 novembre par téléphone avec Vladimir Poutine. Il s’agit de la première prise de contact direct entre un dirigeant européen et le président russe depuis près de deux ans et l’offensive de Moscou sur l’Ukraine. En Allemagne, l’initiative du chancelier est très diversement appréciée, l’opposition conservatrice l’ayant critiqué durement, tout comme Kiev.
Olaf « Scholz n’a pas présenté de nouvelles positions et n’a pas posé d’ultimatum à [Vladimir] Poutine pour négocier. Le président russe interprètera donc cet appel téléphonique comme un signe de faiblesse qui lui permet de sortir un peu de son isolement », critique le député de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) Jürgen Hardt, rapporte notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux.
Celui qui est également porte-parole de son groupe parlementaire pour les affaires étrangères a reproché au chancelier d’avoir contribué à un « succès de la propagande » du Kremlin, pour des raisons de politique intérieure allemande.
Olaf « Scholz a agi pour des raisons de politique intérieure », ajoute son collègue Johan Wadephul, pour qui l’appel téléphonique entre les deux dirigeants n’était qu’un coup de pub de la part du chancelier. « Il ne peut y avoir de paix pour l’Ukraine qu’avec un soutien militaire vigoureux », ajoute ce faucon au sein de la CDU.
Cette position des conservateurs laisse augurer d’un changement possible du soutien de l’Allemagne à l’Ukraine, en cas de victoire des Chrétiens démocrates aux élections anticipées qui se tiendront dans trois mois. Alors que les conservateurs sont les favoris pour ce scrutin, leur chef de file Friedrich Merz s’est à plusieurs reprises prononcé en faveur de la livraison de missiles longue portée à l’Ukraine.