HANS BECK, DIRECTEUR DU PÔLE POLITIQUES ÉCONOMIQUESET PROSPÉRITÉ DE LA BANQUE MONDIALE « Les taxes sur la santé génèrent environ la moitié des revenus fiscaux dans les pays de la Cedeao»
A l’initiative de la Banque mondiale, un atelier sur les taxes de santé en Afrique de l’Ouest
s’est ouverte hier à Dakar.
60 délégués représentant 18 pays africains ont pris part hier à l’atelier sur les taxes de santé en Afrique organisé par la Banque mondiale pour deux jours. «Les taxes sur la santé sont des taxes d’accise sur les produits qui génèrent des ex‐ ternalités et des internalités négatives liées à la santé, appliquées le plus souvent au tabac, à l’alcool et aux boissons sucrées (ssbs). Le tabac, l’alcool et les ssbs sont des contribu‐ teurs significatifs et croissants à la mortalité et à la morbidité dans la région de la Cedeao et leur utilisation compromet la santé publique, et par conséquent, le développement économique et le capital humain des pays », a indiqué le directeur du Pôle politiques économiques et prospérité de la Banque mondiale en lançant les travaux.
En effet, selon Hans Beck, «les taxes sur la santé sont un outil de politique économique extrêmement important. Non seulement des taxes bien conçues peuvent réduire la consommation de ces produits et amélio‐ rer la santé, mais elles peuvent également générer des revenus fiscaux très nécessaires ». D’après lui et comme le mon‐ trent les données partagées durant l’atelier, «les taxes sur la
santé génèrent environ la moitié des revenus fiscaux dans les pays de la Cedeao par rapport aux autres pays africains (0,09 % contre 0,15 % en moyenne), et seulement un sixième de la moyenne mondiale (0,6 %) ». Pour Hans Beck, «cela montre qu’il existe une marge significa‐ tive pour générer des revenus fiscaux supplémentaires à partir des taxes sur la santé dans les pays de la Cedeao ».
Mais, dit‐il, «pour que les taxes sur la santé soient efficaces, elles doivent être bien conçues. Des taxes mal conçues ne généreront pas d’améliorations en matière de santé et d’augmentations des revenus fiscaux, et représentent une op‐ portunité perdue. Il existe un consensus mondial fort sur la manière dont les taxes sur la santé doivent être conçues. Des preuves accablantes et l’ex‐ périence des pays soutiennent l’utilisation de taxes d’accise spécifiques (ou volumétriques) plutôt que des taxes d’accise ad valorem (ou basées sur la valeur). L’augmentation des taxes spécifiques est plus efficace pour réduire la consommation et améliorer la santé, tout en étant également plus efficace pour augmenter les revenus fis‐ caux et faciliter l’administration fiscale ».
D’après lui, «la Cedeao a fait des progrès substantiels à cet égard. En 2017, la directive sur la taxe sur le tabac de la Ce‐ deao a été réformée, mettant en œuvre une taxe spécifique pour la première fois. Depuis lors, nous avons constaté des progrès remarquables avec 7 pays mettant en œuvre des taxes spécifiques sur le tabac. L’impact a été remarquable ! A tel point que plusieurs pays ont commencé à mettre en œuvre des taxes spécifiques sur l’alcool même si la directive ne l’exige pas encore. Mais cela si‐ gnifie aussi qu’il reste beaucoup de travail à faire ».
Hans Beck d’ajouter : «Plus de la moitié des pays n’appliquent pas de taxes spécifiques. Et en plus des défis liés à la conception des taxes, les taxes sur la santé dans la Ce‐ deao sont faibles, moins de la moitié de celles du reste de l’Afrique. Nous faisons face à une large gamme de défis et d’obstacles à travers la région, des défis politiques et de mise en œuvre à une administration fiscale faible. Il y a aussi des défis liés à la divergence entre les directives de la Cedeao et de l’Uemoa ; et la divergence entre les directives sur le tabac, l’alcool et les boissons sucrées ».