CONTRAT D’ARMEMENT : Jeu de cash autour de«Petit Boubé»

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Une enquête des renseignements financiers sénégalais révèle des mouvements de fonds qui ont entouré le fameux contrat d’armement polémique. Nos révélations exclusives.

Par contrat fait en 5 exem‐ plaires le 30 décembre 2021, La vie commercial brokers Suarl obtenait du ministère de l’Envi‐ ronnement, un marché pour lafourniture d’équipements de sécurité, de véhicules d’inter‐ vention, de matériel technique, logistique, de transmission et de communication. Le tout, pour la rondelette somme de 45, 3 milliards de Fcfa Ttc. Pour‐ tant, Lavie commercial brokers Suarl a été créée, à Dakar, le 16 novembre 2021. Le contrat avait été signé, au nom de Lavie, par David Benza‐ quen, un ancien employé du marchand d’armes israélien Gaby Peretz dont la famille construit un immeuble impo‐ sant au centre‐ville de Dakar (nous reviendrons sur cette af‐ faire) après un «troc d’Etat »,

mais le numéro de téléphone portable, versé au dossier de création de la société, renvoyait, à «Mr Aboubacar » comme Aboubacar Hima, le courtier nigérien recherché au Nigéria à cause de contrats d’armes douteux après avoir été épinglé par l’Inspection générale des armées de son pays pour des prévarications présu‐ mées à hauteur de 76 milliards de Fcfa. A sa création au Séné‐ gal, Lavie commercial brokers Suarl avait un capital social de 30 millions de Fcfa et zéro em‐ ployé. Ce contrat et ses contours né‐ buleux révélés, Aboubacar Hima dit «Petit Boubé » était monté au créneau pour se donner le beau rôle face au tollé. « C’est la jalousie qui provoque cela. Au Sénégal, le contrat court sur cinq ans, sans avance de l’Etat au démarrage. Qui va accepter cela, attendre des an‐ nées pour être payé, à part moi ?

On parle de surfacturation, mais que fait‐on des risques, des intérêts bancaires à payer ? », se défendait‐il dans les colonnes de «Jeune Afrique». Libération est en mesure de ré‐ véler que les renseignements fInanciers sénégalais ont mis en exergue un troublant jeu d’ar‐ gent autour de «Petit Boubé » qui suggérait le versement de présumés pots de vin. Ces ren‐ seignements, recoupés et
confirmés, figurent d’ailleurs dans un rapport que la Cellule nationale de traitement des in‐ formations financières (Centif) a discrètement transmis au parquet de Dakar. Que s’est‐il passé ? En plus de celui de Lavie commercial bro‐ kers Suarl, «Petit Boubé » avait ouvert au Sénégal, dans la même banque, deux compte au nom de ses sociétés Technologie service international (Tsi) et Eurocockpit. Selon nos informations, Lavie et Euro cokpit ont fait un virement de 3.090.000.000 Fcfa à Tsi.

Ces fonds ont été ensuite transfé‐ rés par virement, par retraits et par transferts en devises vers l’étranger. Mieux, le 27 février 2023, des mises à disposition de 85 et 150 millions de Fcfa ont été effectués au profit des nommés D.A. A Jacques et A. Loum permettant à ces der‐ niers de retirer les sommes en espèces. Le lendemain, Loum a encore bénéficié d’une mise à
disposition de fonds d’un mon‐ tant de 185 millions de Fcfa re‐ tiré en espèces. Toutes ces opérations n’ont pas été justifiées, selon les enquêteurs.
Mieux, suite au marché avec le ministre de l’Environnement, «Petit Boubé » a retiré lui‐ même des chèques pour un montant global de 565.500.000 Fcfa. Ensuite, plusieurs trans‐ ferts ont été émis vers l’étran‐ ger soit disant pour l’exécution du contrat classé «Secret défense ». Pour justifier ces opé‐ rations, Hima avait déclaré que les fonds seraient destinés au dédouanement des conte‐ neurs pour le compte du ministère de l’Environnement.

Vérification faite par les renseignements financiers, ces décla‐ rations étaient fausses. Et curieusement, toutes ces opérations ont été réalisés après que «Petit Boubé », qui préten‐ dait «préfinancer» le marché, a reçu une «avance» de 34 mil‐ liards de Fcfa. Pour la Centif, ce jeu de cash, avec des retraits en espèces in‐ justifiées et des virements à l’étranger, s’expliquerait par le paiement de pots de vin. Une en‐ quête judiciaire, comme recommandée par la Centif, devrait permettre d’en savoir plus et d’identifier surtout les vrais bé‐ néficiaires de ces fonds, au cas où les soupçons se confirme‐ raient. Qui plus, une procédure concernant ce même dossier est en cours à la Douane. Une autre affaire à suivre…

CMG